Islam et Ancien Testament

Dans le Coran, l'Ancien Testament est nommé de deux manières différentes : al-Khitâb et al-Tawrâ qui sert à désigner non seulement le Pentateuque mais également le reste de l'Ancien Testament et des sources post-bibliques comme le Talmud et le Midrash.



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Gabriel arrête le bras d'Ibrahim prêt à sacrifier son fils que la tradition islamique apparente à Ismaël.
Gravure ottomane du XVIe siècle

Dans le Coran, l'Ancien Testament est nommé de deux manières différentes : al-Khitâb (le Livre) et al-Tawrâ (la Torah) qui sert à désigner non seulement le Pentateuque mais également le reste de l'Ancien Testament et des sources post-bibliques comme le Talmud et le Midrash.

Si le reflet de l'Ancien Testament dans le Coran est assez partiel, ce dernier comporte néanmoins de nombreuses allusions et mentionne nombre d'histoires et de personnages bibliques. L'Ancien Testament est en outre important pour l'islam car les exégètes coraniques interprètent plusieurs passages comme des prophéties de la venue de Mahomet et de la victoire de l'islam. D'autre part, nombre de commentateurs musulmans contestent l'intégrité des textes - révélations qui ne devraient contenir que les paroles de Dieu - dans leurs versions chrétiennes et juives qui auraient été falsifiées.

Ancien Testament dans le Coran

Adam et Ève.
Miniature safavide vers 1550

L'Ancien Testament revêt une importance spécifique pour l'islam car son apport, en particulier indirect, est décisif. L'islam le considère comme un des textes saints que Dieu a révélé aux hommes avant le Coran et il permet de prouver la véracité de ce dernier[1].

Le Coran ne fait quasiment jamais de citation littérale de verset biblique mais en donne des versions remaniées ou commentées soulignant que le Coran s'intéresse à ce qu'il saisit de l'Ancien Testament et non à sa formulation. Tout se passe comme si le lecteur était censé connaître l'histoire biblique transmise d'autre part par tradition orale populaire[2]. De nombreux éléments post-bibliques, dont plusieurs midrashim, sont mêlés aux récits bibliques comme s'ils faisaient partie de l'Ancien Testament, alors que bon nombre d'éléments de ce dernier n'y figurent pas. Cette lacune sera comblée après coup grâce à la littérature exégétique, aux recueils de hadiths et spécifiquement aux Histoires des prophètes qui donnent une image bien plus riche de l'Ancien Testament.

Selon le Coran, Adam était muslim - c'est-à-dire soumis [à Dieu] - et musulman, ainsi qu'Abraham - Ibrahim - et l'ensemble des prophètes [3]. Un hadith célèbre affirme que «tout nouveau-né naît prédisposé à l'islam. Ce sont ses parents qui le rendent juif, chrétien ou mazdéen»[4]. On trouve de nombreuses évocations de personnages vétérotestamentaires, comme Adam, Noé, Loth, Jacob... et d'histoires tels les récits de l'enterrement d'Abel par son frère Caïn[5], l'histoire d'Abraham, iconoclaste chassé par son père et échappant miraculeusement à la fournaise[6], les récits sur Joseph refusant les avances de la femme de son maître Putiphar[7] ou la narration de la vie de Moïse, une des figures centrales du Coran. On trouve aussi des concepts bibliques tels que la Géhenne [8], le jardin (d'Éden) ou encore la résurrection[9]. La morale du Coran reprend, quant à elle , les données du décalogue tout en usant de plus de largesse sur certains points.

Outre les termes al-Khitâb (le Livre) et al-Tawrâ, le texte coranique emploie le terme al-zabûr - désignation coranique des Psaumes - qui sert à désigner un ouvrage saint indépendamment révélé à David et mentionne de manière vague les suhuf, les livres (ou les feuilles) d'Abraham et de Moïse[10] ou plus simplement les premiers livres[11]sans qu'on sache exactement de quels écrits il s'agit. Les écrits coraniques parlent aussi des ahl al-Kitâb, les gens du Livre, par conséquent de la Bible, pour désigner les juifs et les chrétiens.

Mahomet et le Messie dans l'Ancien Testament

Article détaillé : Annonce de la venue de Mahomet.

D'après la tradition musulmane, la venue de Mahomet et la victoire de l'islam sont prophétisées par de nombreux versets de l'Ancien Testament. Ainsi, par exemple, plusieurs passages de la Bible où les exégètes juifs ou chrétiens voient l'évocation de la venue du Messie, comme cela est le cas dans un verset du livre d'Isaïe mentionnant un enfant né (... ) dont la souveraineté repose sur son épaule[12], les érudits musulmans y lisent le sceau de la prophétie qui, selon la croyance musulmane, figure exactement sur l'épaule de Mahomet[13].

En islam, le terme de Masîh (Messie) est exclusivement attribué à Îsâ (Jésus de Nazareth) - ainsi qu'à un personnage diabolique annonciateur de la fin des temps sous la forme de Masîh Dajjal soit l'Antéchrist selon l'islam[14] - mais ne porte pas la notion de sauveur qu'on trouvait auparavant chez les chrétiens arabes, comme en araméen ou en syriaque[15]. Pour Tabari, Masîh'Issa (littéralement Jésus-Christ) est «celui qui est purifié des fautes et des faiblesses humaines». abû Abdillah al-Qurtubî cite 23 avis concernant l'étymologie du mot Masih dans son al Tadhkira et l'auteur d'al-Qâmûs les fait parvenir à cinquante avis dans son Targhîb al-Qâmûs[16], [17]. Néanmoins plusieurs traditions musulmanes prêtent à Mahomet une certaine dimension messianique. Ainsi l'évangile de Barnabé - composé au XVIe siècle en italien par un musulman espagnol[18] - réserve le titre de Messie au seul Muhammad[19] et les morisques faisaient du prophète de l'islam le Messie Universel alors que Îsâ n'était Messie que des enfants d'Israël[20]. De même la secte Ahmadiyya considère Mirza Ghulam Ahmad comme Messie et Mahdi, mais il s'agit aussi d'une approche marginale dans le monde musulman.

Traductions en arabe

S'il existe des témoignages littéraires de l'existence de traductions arabes à partir du IXe siècle, leur existence n'est pas certaine. Ibn Qutayba (888) cite des passages de la Genèse en arabe. Selon Ibn Al Nadîm (995), l'historien Ahmad ben Abd Allaâh ben Salâm avait traduit l'intégralité de l'Ancien Testament de l'arabe mais rien n'en subsiste. Le al-Fisal de ibn Hazm l'Andalou (1064) comporte aussi de nombreux extraits du texte.

On attribue des versions lacunaires au théologien nestorien Hunayn ibn Ishaq et au savant karaïte Japheth ben Eli. Mais la traduction principale et la plus complète en arabe, accompagnée de commentaires, est le fait d'un savant juif, Saadia Gaon au Xe siècle[21], sans qu'on sache si les musulmans avaient connaissance de ces traductions faites par des non-musulmans[22].

Intégrité des textes et tahrif

Le prophète Noé et son arche.
Miniature anonyme alentours du XVI siècle

Le Coran est à envisager comme la rédaction écrite d'une révélation qui se résume en une affirmation : Dieu est unique ; il n'a ni compagnon, ni associé, ni concurrent, il est solitaire. Ainsi, dans cette optique rigoureusement monothéiste, le Coran est compris par les musulmans comme cette ultime révélation qui corrige les déformations juives et chrétiennes infligées à la révélation première faite à Adam[23] et , quoiqu'il emprunte de nombreuses références aux textes judaïques, l'islam conteste dès sa naissance l'intégrité de l'Ancien Testament. Le Coran articule contre les juifs d'importants reproches : ceux-ci auraient falsifié (tahrîf) leur livre et auraient modifié (tabdîl) certains passages annonçant la venue du prophète de l'islam.

La critique littéraire permet d'établir deux strates différentes dans la rédaction du Coran : l'une qui porte davantage d'accents bibliques correspondant à la période de la Mecque (612-622) et une autre correspondant à la période médinoise (622-632) [24], durant laquelle la cassure s'opère tant avec les chrétiens que les juifs[25]. Cependant, les versets qui évoquent la corruption[26] n'indiquent jamais d'une manière claire que le texte de la Torah (ou l'Évangile) soit falsifié et correspondent d'ailleurs davantage à une confirmation de l'authenticité de la Torah et de l'Évangile originels. Pour le Coran, les juifs altèrent le sens des paroles révélées; ils oublient une partie de ce qui leur a été révélé alors que les chrétiens ont aussi oublié une partie de ce qui leur a été rappelé. La sourate 5 :13-15 déclare :

«Ô gens du Livre ! Notre prophète est venu à vous. Il vous explique une grande partie du Livre, que vous cachiez. Il en abroge une grande partie.»

La tradition musulmane impute principalement ces modifications à'Uzayr, personnage énigmatique du Coran[27], que énormément d'auteurs musulmans identifient à Ezra le scribe[28] ainsi qu'il est appelé dans la Bible[29], qui aurait éradiqué l'ensemble des témoignages en rapport avec la venue de Mahomet, la description du personnage, de ses qualités et la victoire de la nouvelle religion que ce dernier est conçu pour apporter à l'humanité[30].

Dans l'islam, Abraham devient la figure originelle du croyant, pur monothéiste, précédant les déviations des juifs et des chrétiens[31] dont les Écritures ne rendent pas compte, selon le Coran, de la pureté du message coranique. La Bible ne peut par conséquent être tenue pour authentique.

Notes et références

  1. Meir Bar-Asher, article Ancien Testament in Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 50
  2. Françoise Mies, Jean Noël Aletti, Bible et sciences des religions : judaïsme, christianisme, islam, éd. Presses Universitaires de Namur, 2005, p 10
  3. Concernant les évangiles, les Apôtres sont aussi musulmans alors que Jésus est muslim et déclarera publiquement son islam lorsqu'il reviendra le jour du Jugement
  4. Rapporté par Boukhari
  5. Sourate 5 :27
  6. Sourates 21 :52-70, 37 :91-98
  7. Sourate 12 :30-32
  8. Djahannam
  9. Al-Qiyâma
  10. suhuf Ibrahim wa-Mussa; cf. Coran, sourate 87 :19
  11. al-suhuf al-ûlâ; cf. Coran, sourate 20 :133
  12. Is 9.  5
  13. Meir Bar-Asher, article Ancien Testament in Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 50
  14. Dajjal pour Trompeur, Imposteur, Menteur; cité par Khashayar Azmoudeh, article eschatologie, in Mohammed Ali Amir-Mœzzi (dir. ), Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 270
  15. Geneviève Gobillot, article Messie, in Mohammed Ali Amir-Mœzzi (dir. ), Dictionaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, pp. 551-552
  16. Docteur YÛsuf al-Wâbil ; Les Signes de la FIN des Temps, éditions Al-Hadith 2006. ISBN 2-930395-24-9 Dépôt légal : D/2006/9820/10 p. 289
  17. Maurice Gloton explique le mot Masih en arabe, dans son ouvrage intitulé Une approche du Coran par la grammaire et le lexique. édition Albouraq (2002) ISBN 2-84161-171-X EAN 9782841611713 p. 689 : l'oint, frotté d'un onguent ou d'huile.
  18. Il a été démontré par Jacques Jomier qu'il s'agit de l'œuvre d'un faussaire morisque ou moine converti à l'islam qui, suivant Henri Corbin, avait une grande connaissance des théologies judaïques, chrétiennes et islamiques. L'évangile de Barnabé, pourrait être le rappel de l'influence ébionite, développe le thème de la préexistence de Mahomet qui sera en vogue en premier lieu chez les mystiques soufis de tendance philosophico-gnostique avant de pénétrer les milieux les plus orthodoxes; cf, Geneviève Gobillot, articles Évangiles et Pacte prééternel, in Mohammed Ali Amir-Mœzzi (dir. ), Dictionaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, pp. 290-291 et 628
  19. Évangile de Barnabé, 97; cité par Geneviève Gobillot, article Messie, op. cit.
  20. Geneviève Gobillot, article Messie, op. cit.
  21. 882-942
  22. Meir Bar-Asher, article Ancien Testament in Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 49
  23. Christian Duquoc, o. p. , Défis de l'islam au christianisme, in Islam, christianisme et modernité, Journées romaine dominicaine, juillet 2005
  24. Emilio Platti, Bible et islam in Françoise Mies, Jean Noël Aletti, Bible et sciences des religions : judaïsme, christianisme, islam, éd. Presses Universitaires de Namur, 2005, p. 145
  25. Françoise Mies, Jean Noël Aletti, Bible et sciences des religions : judaïsme, christianisme, islam, éd. Presses Universitaires de Namur, 2005, p 11
  26. tels que les versets 2 :75-79, 3 :78, 5 :14, 5 :48
  27. Coran, sourate 9 :30
  28. Certains auteurs voient plutôt une déformation du nom Azazel qui correspond au mot démon ou à la divinité égyptienne Osiris. L'historien de l'islam Gordon Newby suggère une identification avec le personnage d'Hénoch; cf. Meir Bar-Asher, article'Uzayr, in in Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, pp. 892-894
  29. Ne 12.  36
  30. Meir Bar-Asher, article Ancien Testament in Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 50
  31. Coran, sourate 3 :67-69

Bibliographie

Sources partielles

Voir aussi

Recherche sur Amazone (livres) :




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