Arts de l'Islam

L'expression art de l'Islam s'applique à la production artistique ayant eu lieu depuis l'hégire jusqu'au XIXe siècle dans un territoire s'étendant de l'Espagne jusqu'à l'Inde et habité par des populations de culture islamique.



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Arts d'Islam - Culture musulmane - Islam

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Histoire de l'art
Série Arts de l'Islam
Périodes
Art omeyyade
Art abbasside
Art fatimide
Iran autonome
Art des Omeyyades de Cordoue
Art des Saljukides d'Iran
Art ayyubide, zangide et atabeg
Art almoravide et almohade
Art de l'Iran mongol
Art turkmène
Art timouride
Architecture et art mamelouks
Art anatolien (XIIIe-XVe siècle)
Art nasride
Art hafside, zianide et mérinide
Art safavide
Architecture et art moghols
Art ottoman
Productions
Calligraphie
Architecture
Céramique
Art du métal
Verre
Riza-i Abbasi, Deux amants, Iran, 1630

L'expression art de l'Islam (ou art islamique) [1] s'applique à la production artistique ayant eu lieu depuis l'hégire (622 de l'ère chrétienne) jusqu'au XIXe siècle dans un territoire s'étendant de l'Espagne jusqu'à l'Inde et habité par des populations de culture islamique.

L'art islamique présente une certaine unité stylistique due aux déplacement des artistes, des commerçants, des commanditaires et des œuvres. L'emploi d'une écriture commune dans tout la civilisation islamique et la mise en valeur spécifique de la calligraphie renforcent cette idée d'unité. D'autre éléments ont été mis en valeur, comme l'attention portée au décoratif et l'importance de la géométrie et des décors tapissants[2]. Cependant, la grande diversité des formes et des décors, selon les pays et les époques, amène fréquemment à parler plus d'«arts de l'Islam» que d'un «art islamique». Pour Oleg Grabar, l'art d'Islam ne peut d'ailleurs se définir que par «une série d'attitudes vis-à-vis du processus même de la création artistique»[3].

En architecture, des bâtiments aux fonctions spécifiques, comme des mosquées et des madrasas, sont créés dans des formes particulièrement variées mais suivant fréquemment un même schéma de base. S'il n'existe presque pas d'art de la sculpture, le travail des objets de métal, d'ivoire ou de céramique atteint souvent une grande perfection technique. Il faut aussi souligner la présence d'une peinture et d'une enluminure présentes dans les livres sacrés et profanes.

L'art islamique n'est pas un art proprement religieux : l'Islam est ici reconnu avec une majuscule, comme une civilisation et non comme une religion[4]. Au contraire de une idée reçue, il y existe des représentations humaines, animales et même de Mahomet : celles-ci ne sont bannies que dans les lieux ou ouvrages religieux (mosquées, madrasas, Corans), en dépit de quelques exceptions[5].

Note : sauf exception, les termes «Iran» et «Syrie» ou «Palestine» désignent le Grand Iran (qui regroupe l'Iran, l'est de l'Irak, l'Ouzbékistan, une partie du Turkménistan, de l'Afghanistan et du Pakistan actuels) et la Grande Syrie (États actuels de Syrie, Palestine, Israël, Liban, ouest de l'Irak -Jezirah-)

Histoire de l'art islamique

Les débuts de l'art islamique (VIIeIXe siècles)

Avant les dynasties

On connaît peu de choses sur l'architecture avant la dynastie des Omeyyades. Le premier et principal bâtiment islamique est probablement la «maison du Prophète» localisée à Médine. Cette maison, plus ou moins mythique, aurait été le premier lieu où se seraient rassemblés des musulmans pour prier, quoique la religion musulmane considère que la prière peut se faire en n'importe quel lieu.

La maison du Prophète est d'une importance énorme pour l'architecture islamique, en ce sens qu'elle met en place le prototype de la mosquée de plan arabe : une cour avec une salle de prière hypostyle. Ce schéma, adapté à la prière, ne naît pas de rien : le temple de Husa (Yémen, IIe siècle av. J. -C. ) ou la synagogue de Doura Europos (rénovée en 245) pourraient en être les inspirateurs[6]. Construite en matériaux périssables (bois et pisé), la maison du prophète n'a pas survécu longtemps mais est décrite en détail dans les sources arabes[7]. La grande mosquée de Médine s'élève aujourd'hui à son emplacement supposé.

Les premiers objets islamiques sont particulièrement complexes à distinguer des objets antérieurs, sassanides et byzantins, ou déjà omeyyades. En effet, l'islam naît dans des régions où l'art semble avoir été peu abondant[8] mais entouré d'empires remarquables par leur production artistique. C'est pourquoi, dans les premiers temps, les artistes islamiques utilisent les mêmes techniques et les mêmes motifs que leurs voisins[9]. On connaît surtout une abondante production de céramique non glaçurée, comme en témoigne un célèbre petit bol conservé au Musée du Louvre dont l'inscription assure sa datation dans la période islamique[10]. Ce bol provient d'un des seuls sites archéologiques qui sert à suivre le passage entre monde pré-islamique et islamique : celui de Suse en Iran[11].

L'art omeyyade

Article détaillé : Art omeyyade
Période historique : Califat des Omeyyades de Damas
Monuments et œuvres majeurs : Dôme du Rocher, Grande mosquée des Omeyyades

Sous les Omeyyades, l'architecture religieuse et civile se développe avec la mise en place de nouveaux concepts et de nouveaux plans. Ainsi, le plan arabe, à cour et salle de prière hypostyle, devient véritablement un plan-type à partir de la construction, à l'emplacement le plus sacré de la cité de Damas – sur l'ancien temple de Jupiter ainsi qu'à la place de la basilique Saint-Jean Baptiste – de la Grande mosquée des Omeyyades. Ce bâtiment majeur servira de repère aux bâtisseurs (et aux historiens de l'art) pour l'apparition du plan arabe. Néanmoins, les récents travaux de Myriam Rosen-Ayalon semblent indiquer que le plan arabe est né légèrement avant, avec le premier état en dur de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem[12].

La coupole du Rocher à Jérusalem est sans conteste l'un des bâtiments principaux de toute l'architecture islamique, marqué par une forte influence byzantine (mosaïque à fond d'or, plan centré qui rappelle celui du Saint-Sépulcre) mais comportant déjà des éléments purement islamiques comme la grande frise d'inscription[13]. Son modèle n'a néenmoins pas essaimé, et celui qu'Oleg Grabar considère comme «le premier monument qui se voulût une création esthétique majeure de l'Islam»[14] est resté sans postérité[15].

Les châteaux du désert de Palestine nous offrent quant à eux de nombreux renseignements sur l'architecture civile et militaire, bien que leur fonction exacte soit soumise à caution : caravansérails, lieux de villégiature, résidences fortifiées, palais à visées politiques, donnant la possibilité de la rencontre entre le calife et les tribus nomades ? Les spécialistes ont du mal à trancher, et il semble d'ailleurs que leur usage ait varié selon le site[16]. Anjar était ainsi une ville entière, qui nous informe sur un type d'urbanisme toujours particulièrement proche de la Rome antique, avec cardo et decumanus, comme Ramla[17].

Outre l'architecture, les artisans travaillent une céramique, fréquemment non glaçurée[18], quelquefois à glaçure monochrome transparente verte ou jaune, mais aussi le métal. Il reste particulièrement délicat de différencier ces objets de ceux de la période préislamique, les artisans réutilisant des éléments occidentaux (rinceaux végétaux, feuilles d'acanthes, etc) et sassanides (motifs d'ailes qui reprennent celles des casques) [19].

Dans l'architecture comme dans les arts mobiliers, les artistes et artisans umayyades n'inventent pas un vocabulaire nouveau mais réutilisent volontiers celui de l'Antiquité tardive méditerranéenne et iranienne, qu'ils adaptent à leur conception artistique en remplaçant par exemple dans la grande mosquée de Damas les éléments figuratifs des mosaïques byzantines qui servent de modèles par des arbres et des villes. Les «châteaux du désert» témoignent spécifiquement de ces emprunts. En mélangeant les traditions et en réadaptant motifs et éléments d'architecture, ils créent progressivement un art typiquement musulman[20] palpable surtout dans l'esthétique de l'arabesque, présente autant sur les monuments que les objets ou dans les Corans enluminés[21].

L'art abbasside

Coupe à la rosace, VIIIeIXe siècles, Iran
Article détaillé : Art abbasside
Période historique : Califat des Abbassides

Avec le déplacement des centres de pouvoir vers l'est , deux villes qui servent successivement de capitales entrent sur le devant de la scène : Bagdad et Samarra en Irak. La ville de Bagdad n'a pu être fouillée, car elle est recouverte par les maisons contemporaines. On la connaît par plusieurs sources, qui la décrivent comme une ville ronde, au centre de laquelle s'élèvent grande mosquée et palais. Samarra, quant à elle , a fait l'objet de plusieurs campagnes de fouilles, surtout par Ernst Herzfeld et plus il y a peu de temps, Alastair Northedge. Créée presque ex-nihilo par al-Mutasim en 836, elle couvre sur une trentaine de kilomètres, et comporte à la fois de nombreux palais, deux grandes mosquées et des casernements. Abandonnée définitivement à la mort d'al-Mutamid en 892, elle offre un jalon chronologique fiable[22].

Samarra a apporté la plupart de mobiliers, surtout des stucs qui servaient de décor architectural, et dont les motifs permettent plus ou moins la datation des bâtiments[23] et se retrouvent dans l'art mobilier depuis l'Égypte tulunide jusqu'en Iran, surtout dans le bois[24].

Grande Mosquée de Kairouan, architecture et décoration du IXe siècle, Kairouan, Tunisie

L'art de la céramique connaît quant à lui deux innovations majeures : l'invention de la faïence et celle du lustre métallique qui se retrouveront longtemps après la disparition de la dynastie[25].
En Islam, on appelle «faïence» une céramique à pâte argileuse, couverte d'une glaçure opacifiée à l'oxyde d'étain, et décorée sur glaçure. Les imitations de porcelaines chinoises[26] se multiplient alors, grâce à de l'oxyde de cobalt, utilisé dès le VIIIe siècle à Suse[27] et qui permet des décors bleus et blancs. Le répertoire de motifs reste assez restreint : motifs végétaux, épigraphie[28].

Le lustre métallique, quant à lui, serait né au IXe siècle, peut-être par transposition en céramique d'un produit déjà existant dans le verre[29]. La chronologie de cette invention, et des premiers siècles, est particulièrement délicate et donne lieu à de multiples controverses. Les premiers lustres seraient polychromes, complètement anicôniques, puis deviendraient figuratives et monochromes à partir du Xe siècle, si on en croit l'opinion la plus fréquemment admise, qui se base en partie sur le mihrab de la mosquée de kairouan[30].

Du verre, transparent ou opaque, est aussi produit, décoré par soufflage dans un moule, ou ajouts d'éléments[31]. On connaît plusieurs exemples de verres taillés, dont le plus célèbre est probablement le bol aux lièvres, conservé au trésor de Saint-Marc de Venise[32], et des décors architecturaux dans ce matériau ont été mis au jour à Samarra.

La période médiévale (IXeXVe siècle)

Dès le IXe siècle, le pouvoir abbasside est contesté dans les provinces les plus reculées du centre irakien. C'est la création d'un califat chiite rival, celui des Fatimides, suivi de celui des Omeyyades d'Espagne qui donne corps à cette opposition alors que de petites dynasties de gouverneurs autonomes voient le jour en Iran.

Espagne et Maghreb

Grande mosquée de Cordoue, salle de prière.
Articles détaillés : Art des Omeyyades d'Espagne, Art almoravide et almohade, Art nasride, Art hafside, zianide et mérinide
Périodes historiques : Califat de Cordoue, Époque des taifas, Sultanats des Almoravides et des Almohades, Hafsides, Zianides, Nasrides et Mérinides : Monuments et œuvres majeurs : Grande mosquée de Cordoue, mosquée Koutoubia, Alhambra

La première dynastie qui s'installe en Espagne (ou al-Andalus) est celle des Omeyyades d'Espagne. Comme son nom l'indique, cette lignée descend de celle des grands Omeyyades de Syrie, décimée au IXe siècle. Elle est remplacée après sa chute par différents royaumes autonomes, les Reyes de Taifas (10311091) mais la production artistique à cette période ne change pas principalement après ce changement politique. À la fin du XIe siècle, deux tribus berbères prennent successivement la tête du Maghreb et de l'Espagne, alors en pleine Reconquista : les Almoravides et les Almohades qui apportent des influences maghrébines dans l'art. Cependant, progressivement conquise par les rois chrétiens, l'Espagne islamique finit, au XIVe siècle, par se diminuer à la ville de Grenade avec la dynastie Nasride (1238) qui parvient à se maintenir jusqu'en 1492[33].

Pyxide d'Al Mughira, 968, ivoire, musée du Louvre.

Au Maghreb, ce sont les Hafsides (1230), les Zianides (1235) et les Mérinides (1258) qui reprennent le flambeau almohade. Les Mérinides, depuis leur capitale de Fès, participent à de nombreuses expéditions militaires tant en Espagne qu'en Tunisie dont ils ne peuvent néenmoins déloger les Hafsides, une dynastie solidement implantée. Les Zianides eurent des échanges intenses avec l'Émirat de Grenade, il signeront ainsi des alliances contre la Couronne d'Aragon et les Mérinides[34]. Les Mérinides voient leur pouvoir décroître à partir du XVe siècle et sont définitivement remplacés par les Sharifs en 1549. Les Hafsides subissent quant à eux la conquête des Turcs Ottomans en 1574[35].


L'al-Andalus est un lieu de grande culture à la période médiévale. Outre de grandes universités comme celle d'Averroès qui permettent la diffusion de philosophies et de sciences inconnues du monde occidental, ce territoire est aussi particulièrement foisonnant pour l'art. On pense bien entendu, en architecture, à la grande mosquée de Cordoue mais elle ne doit pas occulter d'autres réalisations comme le Bab Mardum de Tolède ou la ville califale de Madinat al-Zahra. À l'autre extrémité de la période, on trouve surtout les palais de l'Alhambra à Grenade. Plusieurs traits caractérisent l'architecture espagnole, dont les formes d'arcs : ceux en plein cintre dérivent de modèles wisigothiques ou alors romains[36], mais les polylobés, aussi particulièrement usités, semblent plus typiques de la période islamique. Le traitement du mihrab comme une petite pièce est aussi un trait assez caractéristique de l'Espagne[37].

Parmi les techniques qui sont alors employées pour la confection des objets, l'ivoire est particulièrement utilisé pour la confection de boîtes et de coffrets. La pyxide d'al-Mughira en est un chef d'œuvre, qui présente de nombreuses scènes figurées à l'iconographie délicate à interpréter. [38].

De grandes rondes-bosses, généralement plutôt rares en terre d'Islam[39], voient aussi le jour. En métal, elles servent d'aquamaniles ou de bouches de fontaines[40] en pierre, elles soutiennent par exemple la fontaine aux lions de l'Alhambra.

Les tissus, soieries surtout, sont en grande partie exportés ; on en retrouve énormément dans les trésors d'églises occidentaux, enveloppant les ossements des saints personnages[41]. En céramique, les «techniques respectant les traditions» sont maîtrisées, surtout le lustre métallique, utilisé sur des carreaux, ou dans la série des vases de l'Alhambra[42]. À partir du règne des dynasties maghrébines, on note aussi un goût pour le travail du bois, sculpté et peint : le minbar de la Mosquée Koutoubia à Marrakech, daté de 1137, en fait partie des meilleurs exemples[43].

L'architecture d'Afrique du Nord est assez méconnue par manque de recherches depuis la décolonisation. Les dynasties almoravide et almohade, qui importent des nouveautés en Espagne, se définissent par une recherche d'austérité qui transparaît par exemple dans des mosquées aux murs nus. Les dynasties mérinide et hafside parrainent une architecture importante mais particulièrement méconnue et un remarquable travail sur le bois peint, sculpté et incrusté[44].

Égypte et Syrie

Mosquée d'al-Azhar, cour.
Articles détaillés : Art fatimide, Art d'Égypte et de Syrie des Fatimides aux Mamelouks, Art mamelouk et Architecture mamelouke
Périodes historiques : Califat des Fatimides à Kairouan et au Caire, Ayyoubides, sultanat mamelouk
Monuments et œuvres majeurs : Aiguière aux oiseaux, Baptistère de saint Louis

Régnant en Égypte entre 909 et 1171, la dynastie fatimide est l'une des rares dynasties chiites du monde islamique. Née en Ifriqiya en 909, elle arrive en Égypte en 969, où elle fonde la ville califale du Caire, au nord de Fustat, qui reste un grand centre économique. La dynastie donne naissance à une importante architecture religieuse et profane, dont subsiste surtout les mosquées al-Azhar et al-Hakim, mais aussi les murailles du Caire réalisée par le vizir Badr al-Jamali. Elle est aussi à l'origine d'une riche production d'objets d'art dans les matériaux les plus divers : bois, ivoire, céramique lustrée et peinte sous glaçure, orfèvrerie, métaux incrustés, verres opaques, et en particulier, cristal de roche. De nombreux artisans sont alors des chrétiens, coptes, comme en témoignent les nombreuses œuvres à iconographie chrétienne[45]. Ceux-ci forment d'ailleurs la majorité religieuse sous le règne spécifiquement tolérant des Fatimides. L'art se définit par une iconographie riche, qui exploite énormément la figure humaine et animale, dans des représentations animées, qui ont tendance à se libérer des éléments purement décoratif, comme les ocelles dans la céramique lustrée. Il s'enrichit, tant techiquement que stylistiquement, par ses contacts commerciaux avec les cultures du bassin méditerranéen, et surtout Byzance. La dynastie Fatimide est d'autre part l'une des seules qui donne lieu à une sculpture en ronde bosse, fréquemment en bronze. [46]

Au même moment, en Syrie, les atabegs, c'est-à-dire les gouverneurs arabes des princes seldjoukides, s'arrogent le pouvoir. Particulièrement indépendants, ils jouent sur les inimitiés entre les princes turcs et supportent en grande partie l'installation des croisés francs. En 1171, Saladin s'empare de l'Égypte fatimide, mettant sur le trône égyptien une éphémère dynastie ayyoubide[47]. Cette période n'est pas particulièrement faste pour l'architecture, ce qui n'empêche pas la réfection et le perfectionnement des défenses de la ville du Caire. La production d'objets de valeur ne s'interrompt pas pour tout autant. La céramique lustrée ou peinte sous glaçure, et le métal incrusté de grande qualité continuent à être produits et le verre émaillé fait son apparition dès le dernier quart du XIIe siècle, dans une série de gobelets et de bouteilles surtout. [48].

Les Mamelouks prennent le pouvoir aux Ayyoubides d'Égypte en 1250 et parviennent en 1261 à s'imposer en Syrie, en battant les Mongols. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une dynastie, dans la mesure où les souverains ne règnent pas de père en fils : en effet, les Mamelouks sont des esclaves turcs affranchis qui se passent (en théorie) le pouvoir entre camarades d'affranchissement. Ce gouvernement paradoxal perdurera près de trois siècles, jusqu'en 1517, et donnera lieu à une architecture de pierre foisonnante, composée de grands complexes sultaniens ou émiraux, surtout au Caire[49]. La décoration est généralement réalisée par des incrustations de pierres de différentes couleurs, selon la technique de l'ablaq, mais aussi par un important travail sur le bois, marqueté en motifs géométriques rayonnants. Le mécénat se porte aussi sur le verre émaillé et , en particulier, le métal incrusté : c'est de cette période que date le baptistère de saint Louis, l'un des objets islamiques les plus célèbres, signé du dinandier Muhammad ibn al-Zayn[50].

Iran et Asie Centrale

Coupe à décor d'engobe sur engobe sous glaçure, XIeXIIIe siècles, Louvre.

En Iran et dans le Nord de l'Inde, ce sont les Tahirides, les Samanides, les Ghaznavides et les Ghurides qui se disputent le pouvoir au Xe siècle. L'art est alors un moyen essentiel pour s'affirmer face à son voisin. De grandes villes sont créées comme Nichapur ou Ghazna et la version actuelle de la grande mosquée d'Ispahan voit le jour. L'architecture funéraire se développe alors que les potiers créent des pièces particulièrement différentes les unes des autres avec des décors kaléidoscopiques sur fond jaune, des décors jaspés, c'est-à-dire constitués de coulures de glaçures colorées, ou encore d'engobe sur engobe sous glaçure[51].

Nomades d'origine turque (c'est-à-dire de Mongolie actuelle), les Seldjoukides déferlent sur le monde islamique vers la fin du Xe siècle. Ils s'emparent de Bagdad en 1048 et s'éteignent en 1194 en Iran, quoique la production d'objet éponymes date de la fin XIIe et du début du XIIIe siècle et ait par conséquent été réalisée pour des souverains indépendants, plus petits. C'est sous les Seldjoukides qu'apparaît pour la première fois le plan iranien[52]. La techniques du haftrang en céramique sur des pâtes siliceuses[53] et les incrustations de métaux précieux dans les objets en bronze sont aussi remis à la mode par des artisans de cette période[54].

Au XIIIe, une nouvelle vague d'envahisseurs venant d'Asie centrale s'abat sur le monde islamique, remontant jusqu'aux portes de Vienne : ce sont les Mongols sous la direction de leur chef Gengis Khan. À la mort de ce dernier, son empire est divisé entre ses fils et plusieurs branches se créent : en Chine la dynastie des Yuan, en Iran celle des Houlagides ou Il-khanides tandis qu'au Nord de l'Iran se trouvent les nomades de la Horde d'Or.

Les Il-khanides
Carreau lustré au chameau, Iran, XIVe siècle, Louvre
Article détaillé : Il-khanides.

Sous ces «petits khans» à l'origine soumis à l'empereur Yuan mais rapidement indépendants, une riche civilisation se développe. L'activité architecturale s'intensifie au fur et à mesure que les Mongols se sédentarisent et reste plus ou moins marquée par les traditions des nomades, ce que prouve l'orientation nord-sud des bâtiments[55]. On note cependant une importante persianisation et la reprise de types déjà établis comme le plan iranien. Le tombeau d'Oldjaïtou à Soltaniyeh est un des monuments les plus grands et les plus impressionnants de l'Iran mais de nombreuses destructions sont malheureusement à déplorer. C'est aussi sous cette dynastie que naît l'art du livre persan à travers de grands manuscrits comme les Jami al-tawarikh commandés par le vizir Rashid al-Din. De nouvelles techniques apparaissent en céramique, surtout celle du lajvardina, et on note des influences chinoises dans l'ensemble des arts[56].

La Horde d'Or
La construction d'un mur, par Behzad
Articles détaillés : Horde d'Or, Art de l'Iran autonome avant les Seljoukides, Art des Saljukides d'Iran, Art de l'Iran mongol, Art timouride.
Périodes historiques : Sultanat seldjoukide, Horde d'Or, Empire timuride.

L'art de ces nomades est extrêmement mal connu. Les chercheurs, qui commencent à peine à s'y intéresser, ont découvert qu'il existait un urbanisme et une architecture dans ces régions. Une importante orfèvrerie se développe aussi dont la majorité des pièces montrent une forte influence chinoise. Conservées au musée de l'Ermitage de Saint-Petersbourg, elles débutent uniquement à être étudiées.

C'est une troisième invasion de nomades, celle des troupes de Tamerlan, qui fonde la troisième grande période médiévale iranienne&nbp; : celle des Timurides. Le développement au XVe siècle de cette dynastie donnera lieu à l'apogée de l'art du livre persan, surtout avec des peintres comme Behzad, et de nombreux foyers et mécènes. L'architecture et l'urbanisme persans, à travers les monuments de Samarcande surtout, connaissent aussi un âge d'or. Les décors de céramique, les voûtes de muqarnas sont spécifiquement impressionnants. On note une forte influence de l'art du livre et de la Chine dans l'ensemble des autres domaines. C'est en partie la période timuride qui donne sa cohésion à l'art persan donnant la possibilité de plus tard son essor dans le grand empire séfévide.

Anatolie

Articles détaillés : Art des Saljukides d'Anatolie, Art turkmène, Art de l'Anatolie turkmène et des premiers Ottomans.
Périodes historiques : Sultanat seldjoukide, Empire ottoman.

Continuant sur leur lancée, les Turcs seldjoukides poursuivirent leurs conquêtes jusqu'en Anatolie. Après la bataille de Manzikert en 1071, ils forment un sultanat indépendant de celui de leurs cousins iraniens. Leur pouvoir semble s'éteindre dès 1243 après les invasions mongoles mais des monnaies sont frappées en leur nom jusqu'en 1304. L'architecture et les objets synthétisent différents styles, tant iraniens que syriens, rendant fréquemment les attributions délicates. Le bois est un art majeur[57] et on connaît un unique manuscrit illustré datant de cette époque[58].

Les Turkmènes, qui nomadisent dans la région du lac de Van, sont particulièrement mal connus. On leur doit néenmoins plusieurs mosquées comme la mosquée bleue de Tabriz et ils auront une influence décisive tout autant en Anatolie après la chute des Seldjoukides de Rum qu'en Iran, au cours de la dynastie Timuride. En effet, à partir du XIIIe siècle, l'Anatolie est dominée par de petites dynasties turkmènes qui s'installent, s'appropriant progressivement le territoire byzantin. Progressivement, une dynastie émerge : celle des Ottomans, qu'on nomme «premiers Ottomans» avant 1453. Le mécénat s'exerce alors essentiellement dans l'architecture où apparaît une recherche sur l'unification de l'espace par l'emploi de coupoles. En céramique aussi sont posés les jalons de ce qui deviendra l'art ottoman lui-même avec la «céramique de Milet» et les premiers bleu-et-blancs anatoliens[59].

Inde

Mosquée Quwwat al-Islam, Delhi.
Article détaillé : Art de l'Inde des sultanats.
Période historique : Sultanat de Delhi.

L'Inde, conquise par les Ghaznévides et les Ghurides au IXe siècle, ne devient autonome qu'à partir de 1206 quand les Muizzî, ou rois-esclaves, prennent le pouvoir, marquant l'apparition du sultanat de Delhi. Plus tard, d'autres sultanats concurrents voient le jour au Bengale, au Cachemire, au Gujarat, à Jawnpur, au Mâlvâ et dans le Nord du Deccan (Bahmanides). Ils s'éloignent progressivement des traditions persanes, donnant naissance à une architecture et un urbanisme originaux teintés de syncrétisme avec l'art hindou. La production d'objets n'est presque pas étudiée à l'heure actuelle mais on connaît un important art du livre[60]. La période des sultanats s'achève avec l'arrivée des Moghols qui s'emparent progressivement de toute la région.

Les trois empires (XVeXIXe siècles)

Ottomans

Article détaillé : Art de l'empire ottoman.
Période historique : Empire ottoman.

L'empire ottoman, né au XIVe siècle, se poursuivra jusqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale. Particulièrement étendu dans le temps et dans l'espace, cet empire possède un art prolifique : à la fois une architecture foisonnante, une production en masse de céramiques (les céramiques d'Iznik surtout), une importante activité joaillière et un art du livre exceptionnel aux multiples influences. De nombreux échanges avec les pays orientaux (Iran, Chine) mais en particulier occidentaux, surtout Venise, ont lieu à cette époque[61].

Le plan ottoman des mosquées est à la fois inspiré du plan de l'église Sainte-Sophie que les musulmans découvrent après la conquête de la ville par Mehmet II et par les recherches antérieures des premiers Ottomans. Il faut signaler surtout la figure de l'architecte Sinan, qui vécut extrêmement longtemps (environ cent ans), et réalisa plusieurs centaines d'édifices[62].

Dans l'art du livre, on peut signaler par exemple les deux livres des fêtes créés, l'un à la fin du XVIe siècle, l'autre pour le sultan Murad III, et qui comportent de nombreuses illustrations. Les miniatures sont extrêmement influencées par l'Iran Séfévide, connu après la prise de nombreux objets comme butin de guerre au début du XVIe siècle, et par l'arrivée de plusieurs peintures iraniens.

Les Ottomans sont aussi les premiers à obtenir un rouge vif, dit «rouge d'Iznik», en céramique. La naissance de cette couleur, particulièrement spécifique par son relief, intervient vers 1557 comme le prouve une lampe de la mosquée Suleymaniyyé, conservée aujourd'hui au Victoria and Albert Museum de Londres[63].

Moghols

Manuscrit Rasikapriyâ, Inde, v.  16101615.
Article détaillé : architecture moghole et Art moghol.
Période historique : Empire moghol.

Les Moghols règnent en Inde entre 1526 et 1858, moment où les Britanniques s'emparent du pays pour en faire un protectorat[64]. L'architecture est mise à l'honneur avec la mise en place définitive du plan moghol pour les mosquées, la création du célèbre Taj Mahal et l'art de la joaillerie et le travail des pierres dures comme le jade. Plusieurs séries de poignards en pierre dure, comme ceux à tête de cheval, sont surtout réalisées[65]. La mise en place de techniques d'orfèvrerie spécifiques, comme le kundan, permet des incrustations fines, comme les rubis, les émeraudes et les diamants, qui forment généralement des motifs floraux[66].

Sous le règne d'Humayun, un art du livre voit le jour sous la férule d'artistes persans qui reviennent avec lui d'exil. Mais on y aperçoit pour la première fois une forte influence occidentale due à utilisation de la perspective ainsi qu'à l'inspiration de gravures européennes. Des traits hindous se retrouvent aussi, surtout dans les centres provinciaux[67].

On peut signaler aussi l'invention du bidri, une technique servant à créer des pièces de métal, boîtes à bétel, «crachoirs», bases de huqqa au fond noir particulièrement mat, qui contrastent avec des motifs brillants d'argent et d'or[68].

Séfévides et Kadjars

Prisonnier turkmène, Iran, fin XVIe siècle, Louvre.
Articles détaillés : Art safavide et Art kadjar.
Périodes historiques : Séfévides, Dynastie Kadjar

L'Iran, entre les Moghols et les Ottomans, résiste tant quoique mal avec à sa tête une dynastie de Chi'ites Duodécimains qui perdure de 1501 à 1786. L'art séfévide voit progressivement une évolution forte de la céramique et de l'art du métal qui, dès le milieu du XVIe siècle, n'est plus incrusté de matières précieuses mais de pâtes colorées. Certains spécialistes parlent même de déclin de l'art du métal au XVIe siècle[69]. Les porcelaines chinoises, particulièrement appréciées, amènent à des imitations en bleu et blanc avec des motifs particulièrement sinisants qui se développent d'autre part dans l'art du livre et celui du tapis[70]. Une architecture florissante se met en place et une nouvelle ville à Ispahan est créée par Shah'Abbas : elle contient de nombreux jardins, des palais de plaisance comme le Ali Qapu, un immense bazar et la grande mosquée du Shah[71].

L'art du livre atteint des sommets avec surtout le Grand Shah Nama de Shah Tahmasp, un immense manuscrit contenant plus de 250 peintures[72]. Au XVIIe siècle, un nouveau type de peinture se développe : la peinture d'album (muhaqqa). Il s'agit de feuilles uniques peintes, dessinées ou calligraphiées par différents artistes puis réunies par des amateurs. Riza'Abbasi fait partie des plus grands représentant de cette forme nouvelle d'art[73].

Félin, acier, Iran, XIXe siècle, Louvre.

La chute des Séfévides sous les invasions afghanes mène à un siècle de désordre interrompu par la montée au pouvoir d'une tribu turkmène implantée depuis l'époque mongole sur les rives de la mer Caspienne : les Kadjars. Ils donnent lieu à un art particulièrement influencé par l'Occident : les grands portraits peints à l'huile sur toile des shahs kadjars ont peu à voir avec la peinture persane même si certains codes de la miniature s'y retrouvent[74]. Sous leur règne, l'architecture monumentale reprend avec le développement de la ville de Téhéran[75]. De nouvelles techniques comme le travail de l'acier sont mises en œuvre dans l'art.

Techniques de l'art islamique

L'urbanisme, l'architecture et son décor

Toit en tuiles vernissées et minaret carré à la Medersa Bou Inania de Meknès, Maroc
Article détaillé : Architecture islamique.

L'architecture prend de nombreuses formes spécifiques dans le monde islamique, fréquemment en liaison avec la religion musulmane : la mosquée en est une mais les madrasa, les lieux de retraite, etc sont tout autant de bâtiments typiques des pays d'Islam adaptés au culte[76].

Les typologies des bâtiments fluctuent énormément selon les périodes et les régions. Avant le XIIIe siècle, dans le berceau du monde arabe, c'est-à-dire en Égypte, en Syrie, en Irak et en Turquie, les mosquées suivent presque toutes le même plan dit arabe[77] avec une grande cour et une salle de prière hypostyle mais fluctuent énormément dans leur décor et même dans leurs formes : les mosquées maghrébines adoptent un plan en «T» avec des nefs perpendiculaires à la qibla tandis qu'en Égypte et en Syrie, les nefs lui sont parallèles. L'Iran a ses propres spécificités comme l'emploi de la brique et des décors de stuc et de céramique[78] mais aussi l'utilisation de formes spécifiques issues fréquemment de l'architecture Sassanide comme les iwans et l'arc persan[79]. Le monde iranien est aussi à l'apparition des madrasas[80]. En Espagne, on trouve plutôt le goût pour une architecture colorée avec l'emploi d'arcs variés (en fer à cheval, polylobés, etc) [81]. En Anatolie, sous l'influence de l'architecture byzantine mais également des évolutions spécifiques à cette région dans le plan arabe, de grandes mosquées ottomanes à coupole unique et exorbitante sont édifiées[82] tandis que l'Inde moghole développe des plans spécifiques, s'éloignant progressivement du modèle iranien et met en valeur les dômes bulbeux[83].

L'art du livre

Détail d'une peinture arabe du XIIIe siècle.
Articles détaillés : miniature persane, Art du livre arabe, Art de la miniature en Inde.

L'art du livre regroupe à la fois la peinture, la reliure, la calligraphie et l'enluminure, c'est-à-dire les arabesques et les dessins des marges et des titres[84].

On divise habituellement l'art du livre en trois domaines différents : Arabe pour les manuscrits syriens, égyptiens, de Jezirah, et du Maghgreb ou alors ottomans (mais ceux-ci peuvent aussi être reconnus à part), Persan pour les manuscrits créés dans le domaine iranien en particulier à partir de la période mongole et Indien, pour les œuvres mogholes. Chacun de ces domaines possède son style propre divisé en différentes écoles avec leurs propres artistes, leurs conventions, etc. Les évolutions sont parallèles même s'il semble évident que des influences ont eu lieu entre écoles et même entre domaines géographiques avec les changements politiques et les habituels déplacements des artistes : les artistes persans ont ainsi énormément essaimé chez les Ottomans et en Inde, surtout[85].

Les arts dits «mineurs»

Aspersoir en verre soufflé, XIIeXIIIe siècle.
Articles détaillés : Art du métal islamique, Art de la céramique en terre d'Islam.

On nomme en Europe «arts mineurs» des domaines qui font partie des arts décoratifs. Cependant, en terres d'Islam comme dans de nombreuses civilisations extra-européennes ou anciennes, ces médias ont été beaucoup utilisés à des fins plus artistiques qu'utilitaires et portés à un point de perfection qui interdit de les classer comme artisanat[86]. Ainsi, si les artistes islamiques ne s'intéressent pas à la sculpture pour des raisons essentiellement religieuses[87], ils font quelquefois preuve, selon les époques et les régions, d'une inventivité et d'une maîtrise remarquables sur ces différents terrains[88] avec les arts du métal, de la céramique, du verre, de la pierre taillée (cristal de roche surtout mais également pierres dures comme la sardoine), du bois sculpté et de la marqueterie, de l'ivoire, ...

Motifs, thèmes et iconographie de l'art islamique

Quand on évoque le terme d'art islamique, on pense fréquemment à un art aniconique constitué seulement de motifs géométriques et d'arabesques. Cependant, il existe aussi de nombreuses représentations figurées dans les arts d'Islam, surtout dans tout ce qui ne relève pas du domaine du religieux.

L'art et la religion

Article détaillé : Art islamique et religion.

Les religions jouent par conséquent un rôle important dans le développement de l'art islamique, ce dernier étant fréquemment conçu pour des fins sacrées. On pense évidemment à la religion musulmane cependant le monde islamique n'est devenu à majorité musulmane que dans le cours du XIIIe siècle et d'autres croyances ont aussi joué un rôle non négligeable : le christianisme surtout dans une zone courant de l'Égypte jusqu'à la Turquie actuelle[89], le zoroastrisme surtout dans le monde iranien[90], l'hindouisme et le bouddhisme dans le monde indien et l'animisme essentiellement au Maghreb.

L'art et la littérature

Cependant, tout l'art islamique n'est pas religieux, loin de là, et d'autres sources sont utilisées par les artistes, surtout littéraires. La littérature persane, comme le Shâh Nâmâ, l'épopée nationale composée au début du Xe siècle par Firdawsi, les Cinq poèmes (ou Khamsa ) de Nizami (XIIe siècle), est ainsi une source importante de motifs qu'on retrouve tant dans les arts du livre que dans les objets (céramique, tapis, etc. ) [91]. Les œuvres des poètes mystiques Saadi et Djami donnent aussi lieu à de nombreuses représentations. Le Jami al-tawarikh, ou Histoire universelle, composé par le vizir Il-khanide Rashid al-Din au début du XIVe siècle est le support de nombreuses représentations dans n'importe qui islamique et ce dès sa rédaction[92].

La littérature arabe n'est cependant pas en reste et les fables d'origine indienne du Kalîla wa Dimna ou les Maqamat d'al-Hariri et d'autres textes sont souvent illustrés dans les ateliers de Bagdad ou de Syrie.

La littérature scientifique, comme les traités d'astronomie ou de mécanique, donne aussi lieu à des illustrations.

Motifs abstraits et calligraphie

Calligraphie en tuluth. Meknès, Maroc.
Articles détaillés : Styles calligraphiques arabes, Motifs décoratifs de l'art islamique, Notion de module

Les motifs décoratifs sont légions dans cette forme d'art et extrêmement variés, depuis les motifs géométriques jusqu'aux arabesques. La calligraphie en terre d'Islam est reconnue comme une activité majeure, ou alors sacrée, dans la mesure où les sourates du Coran sont reconnues comme des paroles divines. En outre, les représentations d'êtres vivants sont exclues des lieux et des ouvrages religieux ; la calligraphie fait par conséquent l'objet de soins tout spécifiques, dans le domaine religieux mais également dans les œuvres profanes[93].

Les représentations figurées

Article détaillé : Représentation figurée dans les arts de l'Islam.

On pense fréquemment que l'art islamique est entièrement aniconique, néanmoins on ne peut que constater les nombreuses figures humaines et animales présentes dans les céramiques. Les figures religieuses des prophètes, comme Mahomet mais également Jésus et ceux présents dans l'Ancien Testament, mais aussi les imams peuvent d'ailleurs donner lieu à des représentations ayant, selon les époques et les lieux, le visage voilé ou non. La question de la représentation figurée est par conséquent complexe d'autant plus que son évolution la rend toujours plus complexe à comprendre[94].

La connaissance des arts de l'Islam dans le monde

Histoire de l'histoire de l'art islamique

Article détaillé : Histoire de l'histoire de l'art islamique.

L'art islamique est connu depuis longtemps en Europe grâce aux nombreuses importations de matériaux précieux (soie, cristal de roche) au Moyen Âge. Énormément de ces objets, devenus reliquaires, étaient ou sont aujourd'hui conservés dans les trésors des églises du monde occidental[95]. Cependant, l'histoire de l'art islamique comme science est une discipline particulièrement récente en comparaison, par exemple, avec celle des arts antiques. D'ailleurs, sur les champs de fouille l'art islamique a fréquemment été victime des archéologues désireux d'accéder aux niveaux antiques et qui pour cela saccageaient les plus récents.

Née au XIXe siècle et poussée par le mouvement orientaliste, cette discipline connaît une évolution marquée de nombreux cahots, dus aux événements politiques et religieux mondiaux. La colonisation surtout a favorisé l'étude de certains pays — mais aussi l'éclosion des collections européennes et américaines — mais des périodes entières ont été négligées[96]. De même, la guerre froide a énormément ralenti l'étude des arts de l'Islam en empêchant la diffusion des études et des découvertes.

Grandes collections d'art islamique

Tesson à l'oiseau, Syrie, début du XIIIe siècle, musée du Louvre.
Article détaillé : Collections d'art islamique dans le monde.

Comme fréquemment, les grandes collections d'art islamique se situent plutôt dans le monde occidental, aux musée du Louvre, Metropolitan Museum of Art, British Museum, Victoria and Albert Museum surtout. Cependant, il existe des collections ailleurs, surtout celle du musée islamique du Caire ou du musée National du Qatar. La fondation Gulbenkian de Lisbonne et la collection Khalili conservent aussi de nombreuses pièces. Les musées américains, comme la Freer Gallery of Art de Washington, ont fréquemment un fond assez important, autant pour les objets que les manuscrits. Le corning museum of Glass de New York possède l'un des fonds de verres islamiques principaux au monde. Pour les manuscrits, il faut aussi signaler de grandes bibliothèques, comme la British Library ou la bibliothèque nationale de France, dont les fonds orientaux sont assez développés mais les musées conservent aussi des pages illustrées et des manuscrits.

Grands sites d'art islamique

Article détaillé : Archéologie islamique.

Pour les productions les plus anciennes, tant d'architecture que d'objets, une importante archéologie islamique a eu cours, surtout en Irak, à Samarra ou à Suse par exemple, ou encore au Caire. Malgré le contexte actuel, de grands sites sont toujours fouillés dans n'importe qui islamique depuis le Pakistan jusqu'au Maghreb.

Annexes

Voir aussi : Bibliographie détaillée concernant l'art islamique.

Liens externes

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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 25/05/2010.
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