Mouvements libéraux islamiques

L'islam libéral se distingue des mouvements réformateurs islamiques en ce sens qu'il s'intègre dans le courant du libéralisme théologique que connurent les autres monothéismes au tournant du 19 e siècle...



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L'islam libéral se distingue des mouvements réformateurs islamiques en ce sens qu'il s'intègre dans le courant du libéralisme théologique que connurent les autres monothéismes au tournant du 19e siècle et 20e siècle alors que les mouvements réformateurs islamiques incluent autant les mouvements réformateurs intégristes. Sur ce point, l'expression anglo-saxonne Mouvements libéraux islamiques peu prêter à une ambiguïté que l'expression européenne vise à lever[1], particulièrement si elle empêche de diminuer l'islam libéral à la mise aux normes d'une modernité sociétale[2].

Il faut aussi distinguer

Avant même les aspects sociétaux, comme la défense de la laïcité[8], la non-obligation ou alors la restriction du port du voile islamique ou le refus des peines corporelles prévues par la charia et du jihad sont tout autant de points (non exhaustifs) défendus par une grande partie des "musulmans libéraux" du XXIe siècle, la Nahda [9]est en premier lieu un courant d'approfondissement théologique.

Concept de crise moderniste

définition

A partir de la crise moderniste qui traversa le christianisme depuis le Syllabus jusqu'à Vatican II[10], on peut définir une crise moderniste de la façon suivante. C'est la lutte d'une ou plusieurs autorités, dont au moins une religieuse, pour obtenir à leur seul profit la légitimité de l'interprétation.

Elle nécessite :


cas de l'islam

Le concept de crise moderniste est peu étudié en ce qui concerne l'islam sauf, pour les auteurs francophones, par Gilles Kepel [11], Malek Chebel[12] et Abdelwahhab Meddeb[13].

similitudes

un seuil critique de population alphabétisée

Dans le monde arabo-musulman 50% de la population est alphabétisée (pour partie par les colonisateurs) mais dans le monde asiatique, qui donne le ton dans cette affaire[14], la population bénéficiant d'une éducation supérieure est énormément plus importante de la volonté du colonisateur anglais de dégager une élite indienne accueillie dans ses universités tandis que, dans la formation d'élites locales, la colonisation française fut énormément plus frileuse.

un développement économique

La crise moderniste rebondit du 13e au début du 20e siècle, lorsque la découverte du pétrole en Arabie saoudite et l'alliance avec les USA (protection de la dynastie monarchique saoudienne contre fourniture permanente du pétrole) conduit à ce que l'école wahhabite supplante l'école égyptienne, avec la création des Frêres Musulmans en Egypte[15]

plusieurs pôles de légitimité envisageables.

Dans le cas de la crise moderniste du christianisme, les 3 pôles de légitimité[16] étaient l'université allemande[17] et française[18], les protestantismes européens, l'église catholique romaine, ces deux derniers pôles étant en conflit ouvert puis larvé depuis le concile de Trente.

On a aussi les deux autorités réclamant l'orthodoxie :

Pour en combattre l'influence, les frêres musulmans reprennent à Oswald Spengler sa théorie du déclin de l'occident[22] et la développent en "occidentalisme"[23]

originalités

Cependant, la crise moderniste musulmane connaît des spécificités que ne rencontra pas son homologue chrétienne avant la période récente :

On peut distinguerra par conséquent 2 générations de penseurs libéraux, celle contemporaine de la crise moderniste et le libéralisme théologique contemporain, auxquels s'ajoutent les positivistes.

Principaux auteurs et penseurs représentatifs

La liste ne prétend pas être exhaustive.

Les réformistes

noms dates pays
Muhammad Abduh 1849-1905 Égypte
Jamal Al Dîn Al Afghani 1838-1897 Afghanistan
Abd al-Hamid Ibn Badis 1889-1940 Algérie
Muhammad Iqbal 1873-1938 Inde
Abd al-Rahman al-Kawakibi 1842-1902 Syrie
Mohammed Rachid Rida 1865-1935 Syrie
Mouhammad Nâsir Ad-Dîn Al-Albâni 1914-1999 Syrie
Malek Bennabi 1905 à 1973 Algérie.

Les libéraux

Ali Abderraziq 1888-1966 Égypte
Gamal Al-Banna 1920- Égypte
Mohammed Arkoun 1928 Algérie
Soheib Bencheikh 1961 France
Ghaleb Bencheikh 1960 France
Abdennour Bidar 1971 France
Tunisie
Abdurrahman Wahid 1940 Indonésie
Mohamed Charfi 1936-2008 Tunisie
Malek Chebel 1953 Algérie
1964 France
Inde
Afrique du Sud
Égypte
États-Unis
Fatima Mernissi Maroc
1940 Afrique du Sud
Malaisie
Soudan
Madjid 1939-2005 Indonésie
1929-1982 Pakistan
Youssef Seddik 1943 Tunisie et France
Shamima Shaikh 1960-1998 Afrique du Sud
Syrie
Abdul Karim Soroush Iran
Ahmad Syafi'i Maarif 1935 Indonésie
Mahmoud Mohamed Taha pendu au Soudan en 1985
Ulil Abshar Abdalla 1967 Indonésie
Amina Wadud États-Unis
Nasr Hamid Abû Zayd 1943 Égypte, vit aux Pays-Bas

Les positivistes

Mohamed Hamouda Bensai de 1902 à 1989, Algérie.

Les sujets disputés

Le caractère de couple de forces antagoniques entre l'islam libéral (eng : progressive islam, i. e. "Islam progressiste") et le wahabisme est bien indiqué par Omid Safi [30].

Il le présente en opposition à ce qu'il appelle "web islam" ou "pamphlet islam" qui, selon lui[31], "réduit l'islam à un 6-pages" :

Contre ce prêt à penser le mouvement libéral entend travailler les diverses traditions de la pensée et des pratiques musulmanes, sachant qu'une partie de ces interprétations sont des éléments du problème alors que d'autres offrent des solutions à des problèmes en devenir.

L'ambition de l'islam progressiste ne se limite ni à être une force anti-wahabite ni à déshumaniser les tenants du wahabisme. Le dynamisme du mouvement consiste :

Sources théologiques des positions anti modernistes

Ibn Taymiyya est reconnu comme le père fondateur[34] du wahhabisme et du salafisme, à savoir de l'intégrisme musulman contemporain. Curieusement, les sciences et techniques sont absentes du catalogue d'Ibn Taymiyya tandis que leurs origines étrangères sont patentes[35]Parmi ces influences impures, il désigne :

Certaines caractéristiques sont communes dans la situation de l'Islam depuis 1979 et la situation du christianisme au milieu du 19e siècle depuis le Syllabus :

Réouverture de l'ijtihad

Faire "de l'interprétation une tâche perpétuelle, jamais achevée, toujours recommencée, loin des vérités naïves et des évidences fallacieuses qui fanatisent les foules"[46]. les penseurs libéraux regrettent le quasi monopole du manuel d'Ibn al-Kathîr (fin 13e) dans l'enseignement officiel [47] qui simplifie à l'extrême et conduit à l'accueil des théories intégristes.. Ils recommandent pour la qualité de leurs explications :

L'auteur souligne que ces traités ne répugnent pas à recourir aux Isrâ'iliyat c'est-à-dire aux écritures juives et chrétiennes ainsi qu'aux traités médiévaux qui leurs sont consacrés par des auteurs arabes [51]au contraire de l'antisémitisme qui est la règle dans l'intégrisme musulman contemporain[52]

Exégèse scientifique et critique

L'appréciation diverse des travaux scientifiques en cours dans le champ des recherches coraniques peut être reconnue comme un marqueur des frontières entre les différents courants religieux propres à l'islam. Dans le vocabulaire polémique qu'ils échangent, on retrouve celui utilisé par les divers protagonistes de la crise moderniste, cette fois-ci enrichi par des aspects géopolitiques.

"on touche au tabou coranique qui semble être particulièrement présent chez les musulmans, actuellement. Tandis que, dans la tradition islamique elle-même, la question de la formation du texte coranique a été traité pour former des controverses, et a produit toute une littérature. Ce sont des textes présents, publiés, les savants, les «sachants» les connaissent, mais pas le musulman «ordinaire». Je rappelle tout simplement un ouvrage qui vient de paraître, écrit en langue arabe, qui date de la fin du IXe siècle, qui a pour titre «La révélation et la falsification» [53] et il est question du Coran falsifié. " expose Abdelwahab Meddeb[54]

Exégèse scientifique du Coran

Des tensions internes, quelquefois énormes, circulent dans le monde islamique, et cela dès ses origines. La majorité sont liées à l'idée que les musulmans se font des enseignements à tirer des textes sacrés ; surtout la querelle entre les mutazilites et leurs opposants sur la question du "Coran incréé", un concept qui évolue aujourd'hui en "Coran préservé", s'entend "préservé de toute corruption" en dépit des révélations faites à ce sujet tant par l'exégèse respectant les traditions [55] Les mu'tazilites soutiennent que le Coran est créé et dés le VIII° siècle, ceux-ci, beaucoup inspirés par la rationalité grecque, s'engagent dans la voie de l'exégèse. Ils seront défaits par l'irruption de l'école hanbalite et , selon Seddik [56], par conséquent, tout exégèse scientifique sera vérouillée. Qui plus est , les obscurités du texte sont légion ; par conséquent, il prête à interprétation.

Le premier de ces courants de tension est le Coran, censé avoir été directement révélé par Dieu à son Prophète. Or, jusqu'aux années 1970, le grand public[57] ne savait rien des conditions dans lesquelles la parole divine avait été consignée par écrit, non plus que les voies par lesquelles le texte avait été stabilisé. Les travaux du pionnier Ignaz Goldziher (1850-1921) et Theodor Nodelke [58] étaient restés dans l'intimité des cercles de chercheurs. Il fallut attendre les travaux de John Wansbrough[59] pour que ce travail connaisse une certaine notoriété.

En Égypte par Nasr Hamid Abû Zayd partage cette direction de recherche ; il a dû se réfugier en Europe pour avoir osé proclamer : «Si le Coran est un texte sacré, la langue arabe dans laquelle il a été transmis, est un langage humain».

Ouvrir le chantier de la genèse du texte pour atteindre le jugement philologique orienté selon les critères de l'historicité[60].  ; surtout la relation entre la Torah, les évangiles devrait intéresser le penseur musulman en cela que le texte la trahit[61] et que la tradition musulmane en fait état. Au XIIIe siècle à Damas, le soufi Ibn Hud tenait un séminaire chez lui, fréquenté par les musulmans et par les juifs, dans lequel il commentait la Bible[62]. Selon Abdelwahab Meddeb, cet intérêt est le critère de distinction entre l'islamisme et l'islam[63]

Travaux sur les origines de l'islam

Des travaux comme ceux de Edouard-Marie Gallez [64], montrant des origines judéo-nazaréennes à l'Islam sont bien accueillis par les musulmans libéraux et dénigrés comme manœuvre occidentale contre l'islam par la totalité des courants salafo-wahabites.

charia
distinguer le conjoncturel et l'éternel dans la révélation coranique

Toute la difficulté consiste à distinguer la majeure partie du conjoncturel dans les 6236 versets du Coran[67]

Ce type de problématique n'a pas uniquement été envisagé en ce qui concerne les relations à entretenir ou à ne pas entretenir avec les juifs et les chrétiens, comme dans le cas de l'article cité en référence. La problématique vient des règles aujourd'hui en vigueur concernant l'abrogeant et l'abrogé. D'une façon générale, les groupes intégristes considère que la chronologie gère l'abrogeant et l'abrogé et par conséquent, les considérations belliqueuses Médinoises prennent le pas sur les considérations plus théologiques révélées dans la période mecquoise.

Les penseurs libéraux, comme Rachid Rida, e. g. en ce qui concerne la condamnation des juifs, affirment que cette condamnation ne vaut que pour les juifs de Médine de l'époque. Ce n'est par conséquent pas la chronologie mais les circonstances d ela révélation qui gèrent l'abrogeant et l'abrogé.

voir aussi

Enjeux sociaux et sociétaux

Un certain nombre de problématiques explorées par les sociétés occidentales se retrouvent dans les réflexions de l'islam libéral. Si elles sont clairement identifiées, elles ne revêtent ni le même caractère de priorité ni exctement le même contenu que dans les sociétés occidentales. Cependant, la réflexion est aussi alimentée par le grand nombre des musulmans vivant dans les sociétés occidentales[69], le plus fréquemment improprement appelés "musulmans modérés"[70]

Droits de l'homme

Genre

Les questions de genre s'entendent globalement comme la défense du droit des femmes et les diverses questions relative à l'homosexualité ainsi qu'à ses disciplines associées. Pour un panorama du sujet, on peut consulter le Safra project qui donne une bibliographie académique dont le titre est Sexuality, Gender and Islam - Bibliography [71]

Femmes
"J'ai assisté dans mon enfance (les années 50), dans cette citadelle de l'islam qu'était la Medina de Tunis où j'ai grandi, au dévoilement des femmes au nom de l'occidentalisation et de la modernité ; cela a concerné les les femmes, les filles et les sœurs des docteurs de la loi qui tenaient chaire dans la millénaire université théologique de la Zitouna (l'une des 3 plus importantes de l'islam sunnite avec la Quarawine de Fès et Al-Azhâr au Caire. Ce dévoilement des femmes dans le milieu conservateur où j'ai grandi n'était pas uniquement le résultat de l'action émancipatrice de Bourguiba. Dans le contexte marocain plus respectant les traditions, le roi Mohammed V lui-même avait dévoilé ses filles. C'était dans l'air du temps, et pas uniquement à cause de la proximité de la France avec le Maghreb. Dans n'importe qui arabe, le dévoilement des femmes avait correspondu à un processus commencé dès la fin du XIXe siècle. "[72]

Au contraire de ce qui se passe dans les courant libéraux des 2 autres monothéismes, les questions de genre et la revendication féministe ne sont pas dirimantes pour distinguer ce qui est libéral de ce qui est conservateur.

"Certains érudits musulmans de sexe masculin attachés à la démocratie et défendant un semblant d'islam progressiste peuvent toujours partir du principe que les femmes sont des êtres de seconde classe et ne reconnaissent pas leur marginalisation dans l'histoire de l'islam. Des universitaires et des personnalités musulmanes jouent même quelquefois au jeu dangereux du double langage, et tiennent des propos différents selon leur public, ou posent pour la galerie" Norhayati Kaprawi [73].

Les questions de genre sont prises en charge autant par certains courants de théologie conservatrice comme par des courants libéraux. On parle par conséquent de :

Le féminisme musulman n'a rien d'une innovation. Au tournant des 19e et 20e siècle, un pamphlet contre le voile, Tahrîr al Mar'a, ("la libération des femmes") rédigé par Quâsim Amîn et publié en 1899 en Égypte. Il le décrit comme "symbole de la sujétion des femmes". Cela aboutit à la création du mouvement féministe égyptien en 1925 dont sa présidente, Hoda Sha'râwi (1879-1947), se dévoile en 1926.

Féminisme islamique

Le terme "féminisme islamique" apparaît en 1990 avec la parution du magazine iranien Zanan qui, pour les laîques, apparaît comme un féminisme frelaté étant donné qu'il envisage un féminisme inspiré du Coran et conforme à la Charia[74]. Le féminisme n'est pas le monopole[75] des courants libéraux[76] mais également de courants basés sur la tradition musulmane plus ouverte aux femmes que ne le laissent paraître les courants exclusivistes. C'est le cas de Sisters in islam [77], une organisation malaise née de façon informelle en 1988 et devenue officiellement une organisation non-gouvernementale en 1993.

Le féminisme musulman est alors un discours et une stratégie parmi d'autres déployés par les défenseurs des droits des femmes dans le monde musulman[78].

Féminisme dans le monde musulman
"" Occasionnellemen, comme dans les ouvrages de Fatima Mernissi sur le voile et les reines oubliées de l'islam, ou ceux d'Amina Wadud et Asma Barlas sur le Coran et les femmes, croyance personnelle et approche académique se rejoignent pour critiquer les interprétations et les pratiques patriarcales et proposer une nouvelle approche des débuts de l'histoire de l'islam. "Valentine M. Moghadam[79].

Les plus connues de ces auteures et militantes sont Asma Barlas, Riffat Hassan, Azizah al–Hibri, Leila Ahmed et Margot Badran, qui vivent aux Etats–Unis, et Ziba Mir–Hosseini du Royaume–Uni et d'Iran.

Le Premier Congrès international sur le féminisme musulman a été organisé à Barcelone du 27 au 29 octobre 2005 par la Junta Islamica Catalan avec le soutien du Centre de Catalogne de l'Unesco à Barcelone. Une partie des délégués a nommé au gender jihad, c'est-à-dire au combat pour le droit des femmes;

Associations féministes
Gays
article spécialisé Homosexualité dans l'islam

Quelques penseurs et théologiens libéraux ont une approche différente descelle de l'islam le plus traditonnel[80]. Scott Siraj Al-Haqq Kugle[81] montre que le rejet de l'homosexualité par l'islam respectant les traditions est à mettre pour une large part sur le compte d'une erreur d'exégèse[82]

Relations entre la religion et de l'état

Pluralisme religieux

Des fondements théologiques classiques

Il n'y a pas de doute que le "verset de l'épée", ordonne de tuer les païens alors que le "verset de la guerre"[83] mobilise au combat à mort contre les juifs et les chrétiens. Mais, dit Abdelwahab Meddeb [84], "il faudrait s'affranchir du culte voué à la lettre réduite à un sens univoque : ce vecteur conduit à la violence. Il faudrait aussi circonscrire tel sens dans le contexte de son émission. "[85].

Cette tradition critique ne tombe pas de la lune sous la plume des penseurs libéraux. Elle s'enracine dans la tradition interprétative des Lumières de l'islam. A titre d'exemple, la critique du dogme de "l'insuperabilité" appelé aussi "inimitabilité" du Coran est un défi affronté dès le 10e siècle par des auteurs comme Abû'l-'Alâ'al-Ma'arrî (mort en 1058) [86]

la perspective des penseurs libéraux

Même si les courants les plus essentielistes présentent une interprétation exclusiviste, l'interprétation traditionelle du Coran permet au musulman de reconnaître la légitimité des autres spiritualités. Surtout, ces versets sont mis à contribution :

"Les Sept Cieux et la Terre et ce qu'il y a en eux Lui rendent louanges, et il n'y a rien qui ne Le loue, mais vous ne comprenez pas leur louange" (Coran, XVII, 44) "
"Et Nous n'avons pas envoyé d'Envoyé, si ce n'est dans la langue de son peuple, afin d'éclairer ce dernier. " (XIV, 4). "
"N'as-tu pas vu qu'Allah est glorifié par tous ceux qui sont dans les cieux et la terre; mais aussi par les oiseaux déployant leurs ailes? Chacun, certes, a appris sa façon de L'adorer et de Le glorifier. Allah sait idéalement ce qu'ils font. (XXIV/41) "
"«En vérité les croyants, les juifs, les chrétiens, les sabéens, ceux qui croient en Dieu et au Jour dernier et agissent précisément, voila ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur. Ils n'éprouveront alors plus aucune crainte et ne seront pas affligés.» (Coran II/62) "
"«Certes, ceux qui croient, ceux qui pratiquent le judaïsme mais aussi les sabéens, les chrétiens, les zoroastriens et les polythéistes, Dieu les départagera le Jour de la Résurrection, car Il est Témoin de toute chose.» Coran (XXII/ 17) "

Dans ce cas, l'idée que l'islam est "la meilleure des religons" est comprise de façon relative. L'islam est la meilleure religion, parce qu'il est le plus adapté à son époque. Mais d'un point de vue absolu, l'ensemble des religions se valent, étant donné qu'elles sont des moyens efficaces pour atteindre le But. Surtout, le verset XIV, 4 ouvre des perspectives illimitées : on considère généralement comme légitimes des spiritualités ou des prophètes qui ne sont pas évoqués par le Coran.

Références

Notes

  1. On se trouve précisément devant le même problème avec l'islam libéral qu'avec le judaïsme libéral que la traduction depuis le monde anglo-saxon ne résoud pas. En effet, les anglo-saxons nomment Reconstitu Judaism ce que les européens désignent par Judaïsme libéral ; cependant, le monde anglo-saxon peut dans certains cas englober dans cette appellation le judaïsme massorti que les anglo-saxons nomment Cobnservative Judaism tandis qu'il n'a rien de conservateur
  2. En effet, rien n'est plus "moderne" que la réforme néo-salafiste des années 1980 qui suppose un équipement de haute technologie vecteur de l'assujettissement du pratiquant, où qu'il vive dans le monde, aux avis circonstanciés qu'il demande à son maître spirituel établi en Arabie saoudite, en Syrie, au Yemen. A ce sujet, voir Gilles Kepel, Fitna
  3. Pour un tour d'horizon sur ces sujets, on consultera le portail tenu par Medhi Azaiez qui annonce tout ce qui se publie dans la discipline et pour une initiation au sujet, on consultera l'article en 11 épisodes de Mohammad Ali Amir-Mœzzi Un Texte et une histoire énigmatiques sur le site des éditions Studia Arabica
  4. Essayons un vieux remède : la démocratie par Abdou Filali-Ansari.
  5. l'expression est empruntée à Youssef Seddik, op. cit. dans la bibliographie mais se retrouve sous la même forme chez Mahmoud Hussein, op. cit dans la bibliographie et sous des formes voisines chez des auteurs comme Safi, Kepel ou Meddeb
  6. The St. Petersburg Declaration, Institution for the secularization of Islamic Societies
  7. Mohamed Sifaoui, son site
  8. Les contours d'une théorie islamique de la séparation de la religion et de l'État, revue Rives Méditerranéennes, n° 19 - année 2004
  9. La tradition réformatrice de l'islam par Abdou Filali-Ansari
  10. selon Emile Poulat, op. cit. Toujours que dans sa troisième préface, celle de la réédition de 1997
  11. Gilles Kepel, op. cit.
  12. Un islam libéral, nourri de sa tradition philosophique, interview de Malek Chebel dans Evangile et Liberté. Voir aussi l'islam et la raison du même auteur
  13. Abdelwahhab Meddeb, la maladie de l'islam, Seuil Paris, 2002. Même si l'auteur se trompe sur les dates auxquelles il fixe respectivement l'essentielisme protestant évangélique et l'intégrisme catholique, il voit bien la relation entre les deux mouvements catholiques et protestants et expose bien la similitude avec la situation actuelle de l'islam en une longue note à la page 45
  14. comme le montre la liste des "nouveaux penseurs de l'islam" ci-dessous
  15. Il tiennent dans l'anti modernisme musulman la place théorique occupée dans l'anti-modernisme occidental par Joseph de Maistre et Louis de Bonald
  16. voir la chronologie
  17. avec une accentuation du phénomène du fait du Kulturkampf
  18. la réalisation de 5 universités impériales avec un enseignement de théologie sous Napoléon III qui attendirent leur reconnaissance comme université pontificales sans jamais les obtenir comme le signale Geneviève Commeau, Catholicisme et Judaïsme dans la modernité, Cerf, puis la création des "sciences religieuses" avec la 6e section de l'EPHE
  19. Cf. Bida'a
  20. Salah Stétiétémoigne que les autorité d'Arabie saoudite coule une chape de ciment sur tout site archéologique révélant des éléments afférant à l'islam ancien. Abdelwahhab Meddeb, qui le cite dans la Maladie de l'Islam commente de la façon suivante : pour éviter au mythe de se confronter avec l'histoire
  21. suite à la conférence L'Islamisme et la Science prononcée par Ernest Renan à la Sorbonne en 1883, voir des citations choisies ici
  22. Oswald Spengler, le déclin de l'occident, édition originale 1918-1923, Paris, Gallimard, 1948. On peut aussi s'interroger sur l'apport anti-moderniste de René Guénon qui, dans récuse les éléments civilisateurs de la science moderne au nom de la règle religieuse.
  23. Pierre-André Taguieff, la judéophobie des modernes de Voltaire au Jihad International, Odile Jacob
  24. Comme dans la version italienne de la crise moderniste qui aboutit à la dfondation de la Démocratie Chrétienne, ce ropos qui, en ce qui concerne le christianisme mériterait d'être nuancé sur le fond à l'aide du cours ronéoté de Klaus-Peter Blaser Société, Philosophie, Théologie et Églises au XIXe siècle, presses de L'UNIL mais qui peut, néanmoins, être soutenu au vu de la violence de la contestation européenne du Syllabus, attestée dans : DIERKENS Alain, éd.  : "L'intelligentsia européenne en mutation (1850-1875), Darwin, le Syllabus et leurs conséquences", in Problèmes d'histoire des religions, Volume 9, Editions de l'Université de Bruxelles, 1998
  25. Toujours que Emile Poulat, dans sa troisième préface à son ouvrage Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste Paris Casterman 1962 (Collection religion et sociétés), réédition de 1997 chez Albin Michel (collection évolution de l'humanité), s'interroge sur le point de savoir si la crise moderniste est toujours devant ou derrière le christianisme, au vu de Ad Tuendam Fidem
  26. sous peu
  27. Fitna, guerre au cœur de l'islam, Gilles Kepel, Gallimard, 2004
  28. expression empruntée à Gilles Kepel, op. cit.
  29. Gilles Kepel, op. cit.
  30. Omid Safi est professeur d'Etudes Islamiques à l'Université de Colgate. Américain originaire d'Iran, son domaine de spécialité porte sur la mystique musulmane et l'Islam ancien. Omid Safi, Is there room for progressive Islam ?, (Y a-t-il une place pour l'islam progressiste ?) revue Human Quest , sept octobre 2003. On aurait pu donner Abelwahab Meddeb, la Maladie de l'Islam, mais l'auteur ne se revendique pas "croyant" ; il se dit "agnostique d'éducation musulmane"
  31. Progressive Muslims : On Justice, Gender, and Pluralism (Oxford : Oneworld Publications, 2003)
  32. Omid Safi, op. cit.
  33. Omid Safi, op. cit.  ; voir aussi sur ce point Olivier Roy, la Sainte ignorance, le temps de la religion sans culture, Seuil recensionet Abdelwahab Meddeb, op. cit.
  34. Ibn Taymiyya, Majmû'at ar-Rasâ'il wa'l-Masâ'il, sl, sd, cité par Abdelwahhab Meddeb op. cit.
  35. tout comme sont absentes les marques, sciences et techniques occidentales de la réprobation occidentaliste dans l'intégrisme musulman contemporain
  36. Voir dans Youssef Sseddik, nous n'avons jamais lu le Coran, Ed. de l'Aube, qui expose la rivalité entre Byzance et l'islam débutant
  37. Abdelwahhab Meddeb op. cit.
  38. voir note ci-dessus concernant les isrâ'iliyyat
  39. au sens physique du terme
  40. Guy Sorman, Contre l'islamisme, l'islam libéral, L'hebdo, Octobre 2005
  41. qui, selon la théologie wahhabite, ne devraient être appliquées que dans certaines conditions particulièrement précises.
  42. Pierre Emerhach, un philosophe arabo-anadalou de l'islam libéral au Moyen Age, la tribune de Genève, 18-dec-2009
  43. , Pari pour la civilisation Abdelwahab Meddeb
  44. comme les rédacteurs de traités et de Sahîh signalés par Mahmoud Hussein, Penser le Coran, Albin Michel
  45. Rachid Benzine, les nouveaux penseurs de l'Islam, coll. L'islam des Lumières, Albin Michel
  46. Abdelwahab Meddeb, op. cit., page 24
  47. Ibn al-Kathîr, Tafsîr al-'Az'îm, Dâr Ibn Hazm, Beyrouth, 2000, 1 volume de 2000 pages
  48. Jâmi'al-Bayân'an T'awîl al Qur'ân, Ed. Cidqî Jamîl al'At't'âr, Beyrouth, 1999, 15 volumes
  49. Al Kashshâf
  50. Fakhr ad-Dîn Râzî, Mafâtîh al Ghayb, Beyrouth, 1990, 16 volumes
  51. un exemple en ligne d'isrâ'iliyat
  52. Pierre-André Taguieff, la judéophobie des Modernes, de Voltaire au Jihad internationalouvrage dans lequel il montre deux points fondamentaux pour la compréhension de la situation d'une grande partie de l'islam actuel (1) que l'antisémitisme musulman n'a pas pour origine la création de l'état d'Israël mais la fondation des frêres musulmans en 1920 et (2) que la jonction entre l'antisémitisme et l'antisionisme s'opère au tout début de la second guerre mondiale par la main du grand Mufti de Jérusalem. Sur ce deuxième point, voir aussi les 2 vidéos "Au nom de l'islam" INA : le Jihad ou Démocratie
  53. «Revelation and Falsification», Etan Kohlberg and Mohammad Ali Amir-Mœzzi, Brill (2008)
  54. Abdelwahab Meddeb, Pari de civilisation, Seuil mais également interview dans Libération, 20 Octobre 2009
  55. voir Mohamed Ali Amir Mœzzi, ci-dessous dans la bibliographie, le lien " exégèse traditionnelle" et l'ouvrage de Youssef Seddik Nous n'avons jamais lu Coran, édition de l'Aube
  56. Youssef Seddik, op. cit.
  57. sauf celui, assez rare, familier des traditionalistes musulmans exposant les circonstances de la révélation. Cf. Mahmoud Hussein, Penser le Coran ; bibliographie en fin d'ouvrage liste 18 traités dont les auteurs affirment qu'ils sont "de base"
  58. Des spécialistes allemands, il y a peu de temps, Christoph Luxenberg y voient un exercice apologétique de promotion d'un groupe dissident et anti-trinitaire de la religion chrétienne en Arabie .
  59. Quranic Studies : Sources and Methods of Scriptural Interpretation, Oxford et en particulier "The Sectarian Milieu, 1977
  60. ibidem
  61. Luxemberg, op. cit
  62. Michel Chodkiewicz, le Sceau des saints. Prophétie et Sainteté dans la doctrine d'Ibn Arabi, Paris, Gallimard, 1986
  63. Abdelwahab Meddeb, op. cit., page 26
  64. Edouard-Marie Gallez, Le Messie et son prophète, aux origines de l'Islam Editions de Paris, collection Studia Arabica
  65. Gamal Al Banna, Foi, Loi et discours coranique (Nahwa Fiqh-in Gadîd, vol. 1) , revue Egypte Monde Arabe, Deuxième série | n° 3 /// 2000, article totalement en ligne
  66. Tariq Oubrou, La Charia de minorité : contribution pour une intégration légale de l'islam revue Islam et Laïcité, 21 fèv 2003
  67. Mezri Haddad, Les juifs et les chrétiens, dossier "ce que dit vraiment le Coran", Le Monde des religions, septembre octobre 2007
  68. enseignement de Gamal Al Banna
  69. Tariq Oubrou, op. cit. et Cédric Baylocq-Sassoubre, Tareq Oubrou, Michaël Privot, Profession Imam, Albin Michel
  70. improprement en cela que le terme "modéré" prête le flanc à la critique des adeptes d'une version radicale argumentant que les "modérés" seraient en fait des "tièdes"; l'utilisation du terme "modéré" pour désigner les musulmans qui ne se revendiquent pas d'un islam radical conforte la revendication des radicaux d'être "l'orthodoxie" de l'islam
  71. SAFRA Project
  72. Abdelwahhab Meddeb, la maladie de l'islam, Seuil Paris, 2002., page 43 
  73. Norhayati Kaprawi, Promouvoir les droits de la femme en s'engageant dans le Coran : l'expérience des "sisters in Islam" in recueil d'articles Existe–t–il un féminisme musulman ?Page 87, éditions Islam et laïcité, 2007,
  74. Zanan, des opinions contrastées. Pour :Azadeh Kian-Thiébaut, Iranian women take on the mullahs', le monde diplomatique, novembre 1996 ; Contre : Iran-resist, Iran : Le féminisme frelaté de la revue Zanan et la gauche française, 2 février 2008
  75. on purrait comparer ces mouvements avec l'Action catholique féminine des années 1960
  76. intervention de Nadia Yassine lors de la troisième table ronde Entre djihadisme et occidentalisme, nouvel affrontement des blocs ou renaissance méditerranéenne ? des Rencontres d'Averrœs de 2008
  77. site de Sisters in Islam
  78. Dr Valentine M. Moghadam, UnescoQu'est-ce que le féminisme musulman ? Pour la promotion d'un changement culturel en faveur de l'égalité des genres in recueil d'articles Existe–t–il un féminisme musulman ?Page 43, éditions Islam et laïcité, 2007,
  79. Valentine M. Moghadam, op. cit.
  80. dotn on prendra connaissance dans l'article spécialisé
  81. Assistant Professor of Religion at Swarthmore College
  82. Scott Siraj Al-Haqq Kugle, Homosexuality in Islam : Islamic Reflection on Gay, Lesbian, and Transgender Muslims, et la contribution du même auteur dans Progressive Muslims : On Justice, Gender, and Pluralism", Omid Safi et alii
  83. Coran IX, 5 ;29
  84. Abdelwahab Meddeb, Pari de civilisation, Seuil, 2009, page 13
  85. même remarque chez Mahmoud Hussein, Penser le Coran, dans la préface qui, dans la bibliographie de fin donne la liste des ouvrages des traditionnistes à connaître pour procéder à cette contextualisation
  86. Abû'l-'Alâ'al-Ma'arrî, Risâlat al-Ghufrân, traduction Vincent Monteil l'Epître du pardon, Gallimard, Paris, 1984

Bibliographie

Aspects généraux de la problématique

Aspects sociétaux

Sources philosophiques

Aspects exégétiques

Voir aussi

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