Christoph Luxenberg

Christoph Luxenberg est le pseudonyme d'un philologue allemand analyste du Coran peut-être inspiré de Georg Christoph Lichtenberg.



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  • Il y a présentement quelques philologue arabes qui étudient cet ouvrage... Christoph Luxenberg est le pseudonyme du professeur d'université... (source : algerie-dz)
  • permettre d'interpréter les termes obscurs de l'arabe coranique par des racines araméennes. Donc, Christoph Luxenberg est un professeur d'université... (source : cercleernestrenan)

Christoph Luxenberg est le pseudonyme d'un philologue allemand analyste du Coran peut-être inspiré de Georg Christoph Lichtenberg. Il est l'auteur de Die Syro-Aramäische Lesart des Koran : : Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache (en français : Lecture syro-araméenne du Coran : une contribution pour décoder la langue du Coran), publiée en 2000 en allemand. C'est une étude philologique dans laquelle un certain nombre d'hypothèses sont étudiées, dont il ressort que les sources du Coran proviendraient de l'adoption de lectionnaires syriaques conçus pour évangéliser l'Arabie.

Avec sa méthodologie, qui consiste à vérifier si les termes arabes n'ont pas un équivalent syriaque, Luxenberg indique que certains passages coraniques seraient mal interprétés : le mot houri signifierait raisins blancs, et non pas vierges aux grands yeux. L'expression sceau des prophètes signifierait «témoin», voulant dire que Mahomet est témoin des prophètes venus avant lui.

En raison du caractère novateur de ses thèses, l'auteur a dû adopter un pseudonyme pour éviter les affrontements avec les factions islamiques intégristes, ouvertement en désaccord avec le fait qu'on puisse tenter ce genre d'étude académique sur le Coran.

La thèse de Luxenberg

La version originale trouvée dans les manuscrits de Uthman du Coran, nommée le rasm (i. e. l'orthographe canonique), ne contient aucun signe diacritique, ces points utilisés en arabe classique pour distinguer les différentes voyelles des autres lettres de l'alphabet. Les points diacritiques ont commencé à apparaître en arabe au tournant du VIIIe siècle sur l'ordre de Al-Hajjaj ben Yousef, gouverneur de l'Irak (694-714).

Luxenberg remarque que le Coran présente fréquemment une langue particulièrement ambiguë et même quelquefois inexplicable. Il affirme que même des savants musulmans trouvent que certains passages sont complexes à saisir et ont rédigé de nombreux commentaires dans l'objectif d'expliquer ces passages complexes. Néanmoins, le présupposé était de toujours maintenir l'idée que chaque passage complexe était à la fois vrai et plein de sens et qu'il pouvait être déchiffré avec les instruments respectant les traditions de la science islamique.

Luxenberg reproche au monde académique occidental œuvrant sur le Coran, d'avoir une approche timide et servile du texte, approche trop fréquemment adossée à des travaux de musulmans plus exégètes qu'objectifs et par conséquent, fréquemment biaisée.

Luxenberg affirme que les savants devraient recommencer leurs études à nouveaux frais, en ignorant les vieux commentaires islamiques et en utilisant uniquement des méthodes linguistiques et historiques récentes. Son argument est que Mahomet prêchait des concepts qui étaient nouveaux pour ses auditeurs arabes ; ces concepts, Mahomet les aurait lui-même trouvés au cours de conversations avec des Arabes juifs et chrétiens, ou via les chrétiens de Syrie (si on admet qu'il a voyagé). Ainsi, si un mot (ou une phrase) du Coran semble inintelligible en arabe, ou ne saurait avoir de sens qu'après des conjectures tirées par les cheveux, ce mot (ou cette phrase) pourrait faire sens – dit Luxenberg – en regardant du côté de l'araméen et du syriaque.

Le commentaire islamique respectant les traditions se limite le plus souvent à une lexicologie ; Luxenberg propose d'étendre cette recherche à d'autres langues, qui peuvent être consultées.

Il affirme aussi que le Coran est fondé sur des textes antérieurs, surtout sur des lectionnaires utilisés dans les Églises chrétiennes de Syrie et qu'adapter ces textes, fut le travail de plusieurs générations pour donner le Coran que nous connaissons actuellement. Quelques citations :

«Selon la tradition musulmane, le Coran daterait du VIIe siècle, tandis que les premiers exemples de littérature en arabe dans le plein sens du terme ne se trouvent que deux siècles plus tard, au temps de la «Biographie du Prophète», c'est-à-dire de la vie de Mahomet telle qu'elle a été écrite par Ibn Hichâm, décédé en 828. On peut ainsi établir que la littérature post-coranique a été développée par degrés dans la période qui a suivi le travail d'al-Khalil ben Ahmad, mort en 786, fondateur de la lexicographie arabe («kitab al-ayn») et de Sibawayh, mort en 796, à qui on doit la grammaire de l'arabe classique. Maintenant, si nous considérons que la composition du Coran s'est achevée à la mort de Mahomet, en 632, nous avons devant nous un intervalle de 150 ans, durant lequel nous ne trouvons pas trace de littérature arabe.»
«À cette époque, il n'y a avait pas d'écoles arabes – excepté certainement, dans les centres urbains chrétiens de al-Anbar et al-Hira, dans le sud de la Mésopotamie, dans ce qui forme actuellement l'Irak. Les Arabes de cette région avaient été christianisés et instruits par des chrétiens de Syrie. Leur langue liturgique était syro-araméenne. Cette langue était le véhicule de leur culture et d'une façon plus générale la langue de la communication écrite.»
«Au commencement du IIIe siècle, les chrétiens de Syrie ne se contentaient pas de porter leur mission évangélique aux pays limitrophes, comme l'Arménie ou la Perse. Ils allaient jusque dans des contrées éloignées, jusqu'aux confins de la Chine et la côte Ouest de l'Inde, en plus de la totalité de la Péninsule Arabique, jusqu'au Yémen et l'Éthiopie. Il est ainsi plus probable que, en vue de porter le message chrétien aux peuples arabes, ils aient utilisé, entre autres langues, la langue des Bédouins, c'est-à-dire l'arabe. Pour répandre les Évangiles, il leur fut indispensable d'utiliser un mélange de langues. Mais à une époque où l'arabe était un ensemble de dialectes qui n'avaient pas de forme écrite, les missionnaires n'avaient pas d'autre choix que de recourir à leur propre langue littéraire ainsi qu'à leur propre culture, c'est-à-dire au syro-araméen. Le résultat fut que la langue du Coran est née dans une langue arabe écrite, qui cependant était une langue dérivée de l'arabo-araméen.»

La méthodologie philologique de Luxenberg

Luxenberg prétend que toutes ces lectures sont compatibles avec le rasm, les textes coraniques les plus anciens rédigés dans un script qui n'utilise pas les signes diacritiques.

Les conclusions de Luxenberg

Luxenberg conclut de ce travail sur le Coran, que ce dernier est dérivé d'un lectionnaire syro-araméens, contenant des hymnes et des extraits de la Bible, utilisés dans les services rituels chrétiens. Ce lectionnaire aurait été traduit en arabe, dans une intention missionnaire. Il ne s'agissait pas d'inaugurer une nouvelle religion, mais d'en répandre une plus ancienne. Il s'appuie ici sur un travail antérieur de Günter Lüling [2].

Luxenberg n'a pas «corrigé» la totalité du Coran selon ces thèses. Il fonde ses conclusions sur ce qu'il présente comme un échantillon représentatif de passages complexes.

Un passage qu'il a corrigé a attiré énormément l'attention des commentateurs. Il indique que le mot houri, souvent interprété par les commentateurs musulmans comme vierges aux grands yeux (qui serviront le croyant au Paradis ; Coran 44 :54, 52 :20, 55 :72, 56 :22) veut dire en réalité raisins blancs. Il indique que de nombreuses descriptions chrétiennes du Paradis le montrent contenant du raisin blanc en abondance.

Luxenberg affirme aussi que le passage de la sourate 24 du Coran ordonnant aux femmes de se couvrir, un des textes fondant la doctrine du hijab, leur ordonne en réalité de «serrer leur ceinture autour de leur taille». Il dit que le passage de la sourate 33, qui est traduit généralement par «sceau du prophète» veut dire en réalité «témoin». Par cette lecture, Mahomet n'est plus le plus grand des prophètes, celui qui en clôt la lignée, mais uniquement un témoin de ces prophètes qui vinrent avant lui.

Le contexte de la thèse de Luxenberg

La datation de la constitution du Coran est un facteur de polémique et de gros contentieux depuis les années 1960, date de la publication du travail de John Wansbrough, le savant anglais. Wansbrough a adopté une approche fermement sceptique, congédiant le credo musulman touchant à la collection du Coran et focalisant ses recherches seulement sur des preuves textuelles provenant des manuscrits. Il en vint à croire que loin d'avoir été collectée dans les années 650-656 par le calife Uthman, le Coran était le résultat d'une lente et organique croissance durant les premiers siècles de l'Islam. Les travaux de Wansbrough sont écrits d'une manière dense et hermétique et eurent peu d'influence directe. Son étudiante Patricia Crone et Michæl Cook ont eu un impact plus grand avec la publication en 1977 de leur Hagarism : The Making of the Islamic World (ouvrage actuellement épuisé), qui argumente en faveur d'une date tardive dans la constitution du Coran.

Néanmoins, l'opinion académique plus tardive s'est rangée à une date plus ancienne pour l'apparition du Coran. On trouvera ici les arguments de Fred M. Donner dans son article Narratives of Islamic Origins [3] et dans l'article de Gerd R. Puin [4], qui décrit son travail sur le manuscrit du Coran du VIIIe siècle tardif, trouvé dans une mosquée au Yémen.

État de la question

Plusieurs savants ont accueilli avec joie la thèse de Luxenberg[5], [6]. Néanmoins des chercheurs semblent avoir l'intuition que la méthode de Luxenberg est une recette qui répond le mieux aux besoins de son argumentation[7], [8].

En 2004, le German Wissenschaftskolleg (Institut de Recherches avancées) de Berlin a organisé une conférence autour de la thèse de Luxenberg[9] et un groupe de travail international a été constitué pour continuer la discussion. De nombreuses critiques envers Luxenberg ont été émises durant cette conférence. Néanmoins, certains participants ont indiqué que le travail de Luxenberg était valable, en ce sens qu'il faisait porter l'attention sur de nombreuses insuffisances dans les recherches contemporaines sur le Coran. Une de ces insuffisances est le manque d'une édition critique du Coran, qui donnerait les références des manuscrits qui existent toujours et étudiant l'évolution du texte tel qu'il est reçu actuellement.

Une autre insuffisance est l'absence d'un dictionnaire étymologique des langues sémites qui présenterait les standards élevés de la lexicologie contemporaine. Un tel instrument permettrait de contribuer aux discussions sur les emprunts de l'arabe au syriaque, au latin et au moyen-persan.

Bibliographie

Notes

  1. ibn Manzûr, Lisàn al-'arab. 15 volumes. Beyrouth, 1955-1956
  2. Sur le Coran primitif- Eléments pour la reconstruction des hymnes préislamiques chrétiens dans le Coran, cité par Claude Gilliot L'origine syro-araméenne du Coran, paru dans le Nouvel Observateur Hors-série avec France Culture, avril/mai 2004
  3. Fred Donner, Narratives of Islamic Origins : The Beginnings of Islamic Historical Writing. Darwin Press, 1998, p. 60., (ISBN 0-87850-127-4) .
  4. Gerd R. Puin, "Observations on Early Qur'an Manuscripts in Sana'a", in The Qur'an as Text, ed. Stefan Wild, , E. J. Brill 1996, pp. 107-111. Réimprimé in What the Koran Really Says, ed. Ibn Warraq, Prometheus Books, 2002.
  5. (en) JOURNAL OF SYRIAC STUDIES
  6. Le nouvel Observateur, Hors-Série avec France Culture, avril/mai 2004
  7. (en) Missionary, dilettante or visionary ?
  8. (en) (Une critique du livre de Luxenberg)
  9. (en) Koran Studies "What is the Koran?" ou (de) Koranforschung "Was ist eigentlich der Koran?"

Voir aussi

Textes académiques

En anglais :

Sources

Recherche sur Amazone (livres) :




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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 25/05/2010.
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