Tariq Ramadan

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Tariq Ramadan
RIS 2009 027.jpg
Activité (s) Philosophe
Intellectuel
Théologien
Professeur
Écrivain
Naissance 26 août 1962 (1962-08-26)
à Genève, Suisse Suisse
Mouvement (s) Islam
Genre (s) Essais
Roman

Tariq Ramadan est un intellectuel, un professeur et un universitaire suisse d'origine égyptienne, né le 26 août 1962 à Genève.

Son œuvre s'articule sur une réflexion théologique, philosophique et politique en lien avec la religion musulmane, les spiritualités et les différentes philosophies. Il est engagé depuis plusieurs années dans le débat concernant l'islam en Occident et dans le monde.

Expert consultant dans diverses commissions attachées au Parlement de Bruxelles, il participe à divers groupes de travail internationaux se rapportant à l'islam, à la théologie, à l'éthique, au dialogue interreligieux et interculturel, et plus largementau développement ainsi qu'aux questions sociales.

Pour ses défenseurs, il est reconnu comme un philosophe au discours puissant voulant montrer un islam vrai, authentique et ouvert, mais certains le considèrent comme un polémiste maniant un double discours quand il s'agit d'évoquer la place de la religion dans des sociétés laïques.

Biographie

Enfance et études

En 1949, Hassan el-Banna, le grand-père de Tariq, fondateur des Frères musulmans, pourchassé sur ordre du roi égyptien Farouk, est assassiné pour ses activités politiques. En 1958, Wafa el-Banna, la mère de Tariq, part se réfugier en Suisse avec son mari Saïd Ramadan. Ils trouvent refuge à Genève, où ils élèvent leurs enfants Tariq et Hani. Tariq Ramadan est né à Genève en 1962. Il a étudié la philosophie à l'université de Genève. Après sa thèse de doctorat sur Nietzsche, il obtient une maîtrise ès lettres en philosophie et littérature française. Puis un doctorat en Islamologie - Arabe (Université de Genève). Entre 1988 et 1992, il occupe le poste de doyen au Collège de Saussure, à Genève. Ramadan étudie ensuite les sciences islamiques à l'Université Islamique d'al-Azhar au Caire entre 1992-1993 puis 1994-1995.

Carrière

À partir de 1992, il vient en France et y donne des conférences. Il participe en 1993 et 1994 au congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) puis il décline les invitations jusqu'en 2008. Il signe l'Appel des autochtones de la république, qui dénonce la France comme un État n'assumant pas son passé colonial. Il est aussi chargé de cours d'islamologie à l'université de Fribourg de 1996 à 2003[1]. L'université catholique de Notre-Dame à South Bend dans l'Indiana lui offre au début de l'année 2004 une double chaire permanente de sciences islamiques (il est aussi attaché au Joan B. Kroc Institute pour enseigner sur «les relations entre les religions, les conflits et la promotion de la paix») [2]. En août de la même année, le gouvernement américain lui annule son visa de travail (obtenu en mai 2004) sans apporter d'explication, arguant que le Patriot Act autorise l'État à prendre des mesures en cas de soupçon d'activité terroriste. Suite à ce refus, de nombreux intellectuels américains, tels Noam Chomsky ou Edward Saïd, signent une pétition pour dénoncer cette entrave à la liberté académique. Le 17 juillet 2009, une cour d'appel de Manhattan donne raison à Tariq Ramadan sur cette affaire en estimant que les accusations portées à l'endroit du plaignant sont non-fondées[3].

Le 20 janvier 2010, le Département d'État des États-Unis prend la décision, dans un document signé par la Secrétaire d'État Hillary Clinton, de ne plus considérer comme recevables les raisons qui empêchaient M. Ramadan d'entrer aux Etats-Unis. [4]

Pendant l'été 2005, Tariq Ramadan obtient une invitation de visiting scholar dans un institut rattaché à l'université d'Oxford et est invité à participer à un groupe de réflexion fondé par Tony Blair sur le problème de l'extrémisme islamique au Royaume-Uni, suite aux attentats survenus à Londres le 7 juillet de la même année. En novembre 2006, le magazine EuropeanVoice lui a remis le prix d'Européen de l'année dans la catégorie des personnalités n'étant pas citoyens d'un pays membre de l'Union européenne[5]. En 2000, il a été appelé l'un des sept penseurs religieux "innovateurs" du 21ème siècle par le magazine américain Time. Il est parmi la liste des 100 penseurs les plus influents du monde (8e rang) en 2004 (le magazine américain Time), en 2005 et 2008 (magazine américain Foreign Policy et britannique Prospect) et en 2009 (Foreign Policy, USA). Il a reçu le prix d'excellence en 2007 décerné par le journal britannique Muslim News.

En mai 2008, il a été à nouveau invité au rassemblement annuel de l'UOIF à l'aéroport du Bourget.

Tariq Ramadan a été appelé à une chaire en études islamiques contemporaines à l'Oriental Institute de l'Université d'Oxford et est aussi attaché au St Antony's College, de la même université (à partir du 1er septembre 2009) [6]. Il est professeur de sciences islamiques contemporaines au département des Sciences islamiques de la faculté du Qatar (attaché à la Qatar Foundation) et est chercheur (Senior Fellow) à l'université de Doshisha (Kyoto, Japon). Il est aussi professeur invité de philosophie à l'université Mundiapolis à Casablanca (Maroc).

Vie Privée

Tariq Ramadan est marié et père de quatre enfants. Son épouse est française et convertie à l'islam. Hani Ramadan, le frère de Tariq Ramadan, réside à Genève où il dirige le Centre islamique de Genève.

Œuvre

Sa pensée

Tariq Ramadan se fait connaître en France en 1994, après la publication d'un ouvrage intitulé Les musulmans dans la laïcité. Il plaide pour que les musulmans vivant en Occident ne se considèrent plus comme des étrangers, ou comme des résidents temporaires mais comme des citoyens à part entière. Selon lui, ce changement de mentalité doit éviter toute aliénation : il réclame le droit d'«être musulman européen» (titre d'un autre de ses livres), demandant aux parents immigrés de ne pas confondre culture et religion. Dans son ouvrage «Peut-on vivre avec l'islam» il dit que le musulman ne se définit pas par ses croyances mais par ses pratiques, et que la pratique régulière, et en toute légalité, des rites islamiques en Europe, est à l'origine de tensions sociales parce qu'elle est ressentie comme un refus d'intégration plutôt que le contraire - contraire qui est l'auto-détermination comme musulman européen. Il considère que les musulmans devraient être des citoyens actifs, et agir contre l'injustice dans le cadre des différentes associations (syndicats, parents d'élève etc). Il ressent une sympathie avec certaines des analyses de Karl Marx («Je n'arrête pas de dire qu'on a trop vite fait d'enterrer Marx»[7]).

Ramadan déclare ne voir aucun conflit entre «être musulman» et «être un citoyen à part entière» dans les pays occidentaux. Il préconise aussi que les intellectuels musulmans occidentaux soient versés dans les manières occidentales, et non seulement dans des études religieuses provenant de pays musulmans.

Tariq Ramadan enseigne un respect du Coran, lui-même entendu selon une lecture qui en premier lieu respecte la tradition et son sens essentiel, pour la distinguer d'une autre lecture, rationaliste, et qui pourrait s'accorder avec la tradition du rationalisme occidental et chercherait à s'accorder avec celle-ci. Pour lui principal, c'est l'effort d'interprétation - ijtihad - que doivent accomplir les musulmans, ne pas avoir une lecture du Coran littérale, mais au contraire, prendre compte du contexte historique et actuel des lois et traditions islamiques. [8] En effet, il déclare par exemple, en novembre 2003 sur la radio Beur FM : «Il y a la tendance réformiste rationaliste et la tendance salafie au sens où le salafisme essaie de rester fidèle aux fondements. Je suis de cette tendance-là, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de principes qui sont pour moi fondamentaux, que je ne veux pas trahir comme musulman.»

Dans son ouvrage Les Musulmans dans la laïcité (éd. Tawhid), il rédige : «Un musulman, résident ou citoyen, doit se considérer sous l'effet d'un contrat à la fois moral et social avec le pays où il séjourne. En d'autres termes, il se doit d'en respecter les lois.» Il est surtout critiqué par la journaliste et essayiste Caroline Fourest qui, dans son ouvrage Frère Tariq, rapporte que Tariq Ramadan, dans une cassette intitulée Vivre en Occident, estime qu'un musulman doit observer les lois du pays où il habite uniquement étant donné que celles-ci ne s'opposent pas à un principe de l'islam. Tariq Ramadan soutient à ce sujet qu'il précise ultérieurement, dans la même cassette, que c'est le cas des démocraties occidentales.

Tariq Ramadan considère que le Hamas ne devrait pas être qualifié d'organisation terroriste par l'Union Européenne. Au printemps 2009, il a signé la pétition de la Belge Nadine Rosa-Rosso intitulé : "Appel pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes. " Interview Nadine Rosa-Rosso. Pour résoudre le conflit israélo-palestinien, Tariq Ramadan s'est déclaré personnellement en faveur non de la solution dite de «deux États pour deux peuples», mais en faveur «d'un seul État, dans lequel n'importe qui vit». (article Nord Éclair, 8 janvier 2009) Gaza : depuis Lille, Tariq Ramadan nomme au "réveil des consciences" - Nord Éclair, l'actualité quotidienne du Nord-Pas-de-Calais, de la métropole lilloise à l'Artois.

La société plurielle est un fait

Dans son ouvrage Mon intime conviction[9] publié en 2009, et pour lequel l'auteur recevra une étoile de distinction dans le Publishers Weekly[10], Ramadan explique qu'il refuse de jouer à ces jeux réducteurs, où il s'agit de dire clairement et sans nuance, si on est en premier lieu musulman, ou en premier lieu Européen. Selon lui, la question n'a pas de sens. «Dans l'ordre religieux et philosophique, celui qui donne sens à la vie, l'être humain est en premier lieu athée, bouddhiste, juif, chrétien et musulman : son passeport, sa nationalité ne répondent pas à la question existentielle. Lorsqu'il faut voter pour un candidat, l'individu a une identité citoyenne, et il est en premier lieu un Américain, un Italien, un Français ou un Britannique s'engageant dans les affaires de son pays. Selon l'ordre ou le champ d'activité, l'individu a par conséquent en premier lieu telle ou telle identité, sans que cela soit contradictoire.»[11] À titre d'illustration, il explique qu'un poète végétarien interviendra, dans un cercle de poésie, en sa qualité de poète, mais s'identifiera ensuite comme un végétarien, lorsqu'il passera à table.

Ramadan va toujours plus loin dans la définition de son identité personnelle. «Depuis longtemps, je répète aux musulmans ainsi qu'à mes concitoyens que je suis suisse de nationalité, égyptien de mémoire, musulman de religion, européen de culture, universaliste de principe, marocain et mauricien d'adoption.» [12]

Pour Ramadan la société plurielle et pluraliste est un fait. Il ne s'agit plus d'être pour ou contre, mais de faire avec. «Le défi de la diversité exige des solutions pratiques et impose aux citoyens, aux intellectuels comme aux représentants religieux, de développer un esprit critique et nuancé, toujours ouvert à l'évolution, à l'analyse et , évidemment, à l'autocritique. Faire entendre ses propres exigences tout en sachant écouter l'autre, concevoir le compromis tout en refusant la compromission, affronter les certitudes ancrées et les esprits rigides ou dogmatiques dans l'ensemble des camps, et en particulier parmi sa famille culturelle et religieuse : tout cela n'est pas facile et exige temps, patience, empathie et détermination.» [13]

Un médiateur entre les univers occidental et islamique

Ramadan explique qu'il s'intéresse à ces questions depuis plus de deux décennies, essayant de «construire des ponts, d'expliquer et de faire mieux comprendre l'islam au monde musulman tout autant qu'à l'Occident».

Il se voit dans le rôle de médiateur entre les univers occidental et islamique, entre leurs cultures et leurs croyances religieuses respectives. Il assume pleinement sa religion musulmane et sa culture occidentale, et affirme que «les valeurs et les espoirs communs sont plus essentiels et plus nombreux que les différences.» Son objectif est «de montrer, théoriquement tout autant que quasiment, qu'on peut être tout à la fois pleinement musulman et occidental et que, au-delà de nos différences apparentes, nous partageons énormément de valeurs à partir desquelles le «vivre ensemble» est envisageable dans nos sociétés pluralistes, multiculturelles, et où cœxistent plusieurs religions.» [14]

Un message, il le sait bien, «complexe à faire entendre en ces temps de débats passionnés, où les voix se confondent et la surdité se généralise.» [15]

«Un médiateur», explique-t-il, «est un pont, et un pont n'appartient jamais à une seule rive. Il est toujours légèrement trop de «l'autre côté», toujours soupçonné de «double» loyauté. Ainsi, j'étais toujours «un peu trop occidentalisé» pour certains musulmans, et «un peu trop musulman» pour quelques Occidentaux. Des deux côtés de la rivière, le médiateur doit par conséquent prouver sa pleine appartenance. Quand la passion et l'émotivité l'emportent et colonisent les débats, l'intervention nuancée, critique et autocritique, devient suspecte, et la nuance est vite perçue comme de l'ambiguïté. Le médiateur se voit l'objet de projections qui sont quelquefois dues à une longue histoire, à des contentieux et des traumas profonds. Rien n'est simple : vous vous faites des «ennemis» des deux côtés, et on vous traite quelquefois de traître ou de «vendu», ou alors de manipulateur adepte du «double discours». [16]

Mais, Ramadan ne se décourage pas pour tout autant. Il est bien décidé, plus que jamais, à continuer son action, dans l'objectif d'ébranler les certitudes qu'il faut remettre en question, de replacer dans leur propre perspective certaines croyances, de confronter les préjugés, et de remettre en cause les conclusions simplistes, d'où qu'elles viennent. Il est encouragé dans son action, du fait qu'il voit poindre de nouvelles dynamiques, de plus en plus de femmes et d'hommes «refusant la polarisation, les simplifications, les manipulations et les exclusions» et bien décidés à construire l'avenir, «sans naïveté, mais avec confiance et détermination». [17]

Le faux débat sur l'identité nationale

Quid, alors, de la question de l'identité nationale, qui fait l'objet d'un débat vif et récurrent, tant au sein des communautés musulmanes dans les pays occidentaux, qu'au sein des cercles politiques et sociaux de ces mêmes pays ? Pour Ramadan, c'est un faux débat. Il s'explique : «Nous avons des identités multiples et en mouvement, et rien ne s'oppose (religieusement, légalement ou culturellement) à ce qu'une femme ou un homme soit à la fois européen (ne) ou américain (e) et musulman (e). L'islam est évidemment un et unique sur le plan des principes religieux fondateurs, mais il intègre diversité d'interprétations et pluralité des cultures. Son universalité provient d'ailleurs de cette capacité à intégrer la diversité dans son unicité fondatrice.» [18]

Le problème résulte du fait qu'il existe «une confusion de taille entre le donné culturel et la référence religieuse : pour énormément, être et rester musulmans veut dire être musulmans comme ils l'avaient été au Maroc, en Algérie, en Egypte, au Liban, au Pakistan ou en Turquie. […] Pour énormément, … il ne pouvait être question de prendre la nationalité du pays d'accueil puisqu'un jour ils retourneraient «chez eux». [19]

Mais, une ou deux générations après l'arrivée des premiers immigrés musulmans dans les pays occidentaux, en Europe et en Amérique, les choses ont, déjà, radicalement changé. La seconde génération, puis la troisième, se sont imprégnées de la langue et de la culture du pays natal occidental, se considérant, sur le plan culturel, comme des Français, des Britanniques, des Américains ou des Canadiens. Ils se sentent chez eux dans cet environnement occidental, y font leur vie selon leurs capacités et de leurs ambitions, et essaient d'y préparer un avenir toujours meilleur pour leurs enfants. [20]

«Les nouvelles générations sont , dans leur grande majorité, pleinement musulmanes quant à la religion, et pleinement occidentales quant à la culture. Cela ne leur pose aucun problème, » observe Ramadan. [21]. «L'islam occidental est actuellement une réalité.» [22]

Sur le plan religieux, la sécularisation et la laïcité qui prévalent dans les pays occidentaux assurent le pluralisme religieux. Les droits fondamentaux des individus en matière de liberté de conscience et de liberté de culte sont reconnus et protégés par les lois nationales. Les citoyens musulmans peuvent, par conséquent, librement exercer leur culte, à l'instar de l'ensemble des autres religions pratiquées dans le pays. Ils doivent, en cas de besoin, s'assurer qu'à l'application, un traitement juste et égalitaire est effectivement respecté entre les différentes religions. [23] En contrepartie, ils doivent, de leur côté, respecter ces lois, bien entendu. Pour Ramadan, «il appartient aux individus musulmans d'être – et de devenir – des citoyens engagés qui connaissent leurs responsabilités et leurs droits. Dépassant le réflexe minoritaire ou la tentation victimaire, ils ont les moyens d'accéder à une nouvelle ère de leur histoire. En effet, pour ceux qui sont nés en Occident – ou qui y sont des citoyens -, il n'est plus question d'«immigration», «d'«installation» ou d'«intégration», mais bien de «participation» et de «contribution».

«J'affirme», souligne-t-il emphatiquement, «que nous sommes passés, et que nous devons passer, à l'ère du discours de la «post-intégration» : il faut désormais établir un sens profond et assumé de l'appartenance. C'est le nouveau «nous» que j'appelle de mes vœux, et qui déjà est une réalité dans certaines expériences locales.» [24]

Les défis que les Occidentaux musulmans doivent relever

Dans "Mon intime conviction", Ramadan passe en revue, inter alia, les défis auxquels les musulmans sont confrontés dans les pays occidentaux. Les vrais défis se situent, pour lui, dans de tous autres domaines que ceux des mosquées, des imams ou des écoles privées musulmanes.

En tout premier lieu se pose la question de la charia.

D'après lui, cette dernière n'est ni un «système», ni un «corps de lois islamiques fermées», [25] mais bien plutôt la «Voie de la fidélité aux objectifs de l'Islam» (qui sont de protéger la vie, la dignité, la justice, l'égalité, la paix, la nature, etc. ). L'ensemble des lois qui protègent la vie et la dignité humaines, promeuvent la justice et l'égalité, imposent le respect de la nature, etc. sont , selon Ramadan, «ma shari'a appliquée dans ma société même si celle-ci n'est pas surtout musulmane ou que ces lois n'ont pas été pensées et produites par des savants musulmans. Je suis dans la Voie puisque ces lois me permettent d'être fidèle à ses objectifs fondamentaux et par conséquent d'être fidèle au message ainsi qu'aux principes de l'islam.» [26]

En deuxième lieu, les musulmans qui sont déjà des citoyens d'un pays européen ne doivent plus se laisser traiter de «minorités» car, souligne Ramadan, il n'existe pas, en droit européen, de «citoyenneté minoritaire» ! Ils sont des citoyens à part entière, quelle que soit leur religion et leur culture. Ils doivent par conséquent lutter contre cette mentalité de «minoritaires» et s'inscrire pleinement dans la participation citoyenne sur un pied d'égalité avec la «majorité» de la population. [27] Ils doivent établir clairement qu'ils sont chez eux en Occident, et qu'il s'agit de suivre la Voie de la fidélité aux principes supérieurs de l'islam ici comme ailleurs. Ils doivent, de cette manière, se prendre en charge et se libérer de la mentalité de victime. [28]

Au lieu de blâmer constamment «la- société-qui-ne-nous-aime-pas», «l'islamophobie», ou encore le «racisme», justifiant ainsi leur passivité face aux défis auxquels ils sont confrontés, ils doivent «s'engager comme citoyens et lutter contre les injustices, le racisme, la discrimination, les discours populistes de stigmatisation et les hypocrisies.» [29]

Ils ne doivent pas, à cet égard, se limiter aux questions qui concernent particulièrement la religion ou la communauté musulmanes, mais s'intéresser d'une façon plus générale à l'ensemble des questions de société qui concernent la totalité de la population (telles que les questions sociales, l'enseignement, le chômage et l'emploi, la délinquance, la violence urbaine, les activités des partis politiques, les relations internationales, etc... ) [30]

Ils doivent aussi repenser l'éducation islamique donnée à leurs enfants, tant dans son contenu que dans sa forme, pour la replacer dans le contexte de leur environnement occidental, en tenant particulièrement compte des nombreux défis qui se posent aux musulmans d'Occident. Ils doivent, dans ce contexte, se préoccuper de comprendre les facteurs qui poussent les jeunes à adopter des interprétations extrémistes de la religion, ou alors à s'engager quelquefois dans des actes de violence.

Les droits légitimes de la femme musulmane

Ramadan précise, d'emblée, que «l'islam n'a pas de problème avec les femmes» [31] mais les musulmans ont effectivement de sérieux problèmes avec elles. A son avis, les théologiens ont procédé, au cours des siècles, à une lecture littéraliste du Coran et des traditions du Prophète. Ils ont figé le Texte hors de son contexte, ne tenant guère compte, ce faisant, des finalités du message global de la Révélation. [32]

Les coutumes et traditions ont été confondues avec les prescriptions religieuses, et on en est arrivé à justifier des pratiques culturelles qui n'étaient pas «islamiques» telles que l'excision des femmes, les mariages forcés ou les crimes d'honneur. [33]

Ramadan estime que les femmes doivent s'engager elles-mêmes dans un travail critique approfondi de leur situation dans la communauté musulmane, «en acquérant les connaissances religieuses nécessaires pour développer des lectures féminines nouvelles. Il faut qu'elles soient présentes dans les espaces de décision de la communauté religieuse, dans les organisations, les conseils de gestion des mosquées, etc. On doit bousculer les choses pour que les femmes trouvent leur juste place, mais elles doivent aussi se mobiliser : elles n'obtiendront rien si, de leur côté, elles cultivent une attitude de victimes. On le voit actuellement, partout où les femmes ont accès à l'instruction, à l'éducation islamique, et même à l'engagement communautaire et social, elles font mieux que les hommes : meilleurs résultats, plus d'engagement, plus de rigueur et de sérieux. La réalité et les chiffres parlent d'eux-mêmes.» [34]

Les femmes doivent avoir accès au travail et obtenir un salaire égal à celui des hommes, à compétence égale. Les discriminations à l'emploi des femmes, pour les raisons les plus diverses, doivent être refusées et combattues. Ce combat pour la reconnaissance des droits des femmes musulmanes doit être mené de l'intérieur du dispositif islamique pour avoir quelque chance de succès, et doit mobiliser les efforts de la totalité des membres de la communauté. Les hommes doivent accepter, cet égard, le fait que «garantir la liberté de la femme veut dire accepter que celle-ci puisse faire un choix qu'on comprend ou un autre qu'on ne comprend pas». [35]

Le message central de «Mon intime conviction»

Ramadan explique, à l'intention des nouvelles générations de musulmans nés et élevés dans les pays occidentaux, qu'ils sont , sur le plan du droit, et doivent se considérer, sur le plan affectif, comme des citoyens à part entière de ces pays. Ils doivent par conséquent aimer le pays où ils sont nés, respecter ses lois et ses institutions, et y participer à la vie politique et sociale à l'instar de l'ensemble des autres citoyens. Grâce aux lois sur la laïcité qui existent dans ces pays, ils ont une pleine liberté d'exercice de leur culte, à l'instar de l'ensemble des autres communautés. Pour tout le reste, ils sont des citoyens comme les autres. Ils doivent, surtout, prendre leur destin en main, et essayer activement de résoudre les problèmes auxquels ils peuvent se trouver confrontés dans leur vie quotidienne, au lieu d'attendre des autorités institutionnelles qu'elles trouvent les solutions idoines.

Ramadan invite, d'autre part, les citoyens des sociétés occidentales à revoir en profondeur le regard et les jugements qu'ils portent sur les musulmans qui vivent dans les pays occidentaux. Les autorités politiques doivent, à cet égard, cesser de confondre les problèmes sociaux, qui réclament des solutions politiques, avec les questions associées à des considérations religieuses, telles que celles relatives au foulard, aux lieux de culte, aux imams, etc... Elles doivent étudier sans parti pris, sans préjugés, sans a priori, les problèmes fondamentaux dont les musulmans se plaignent, dans leur vie quotidienne, tels que ceux du travail et du chômage, du logement, de la santé, de l'éducation, de la marginalisation, de la pauvreté, de l'insécurité, etc... et essayer de leur trouver des solutions correctes, dans un esprit de solidarité nationale et de compréhension. «L'Occident, en même temps qu'un dialogue avec «l'autre», doit engager un dialogue avec lui-même – sérieux, profond et constructif.»[36]

Sur l'antisémitisme

Dans la tribune du Monde du 24 décembre 2001, Tariq Ramadan écrit :

«Des propos malveillants, des «À bas les juifs !» fusant dans certaines manifestations, ou alors des exactions contre les synagogues, ont pu être enregistrés dans différentes villes de France. D'une façon plus générale, on a pu entendre ici et là des propos ambigus sur les juifs, leur pouvoir occulte, leur rôle insidieux dans les médias, leur sombre stratégie... Après le 11 septembre 2001, les fausses rumeurs sur les 4 000 juifs qui ne se seraient pas présentés à leur poste le matin des attaques contre les World Trade Center ont été relayées jusque dans les banlieues (... ). Les musulmans, au nom de leur conscience et de leur foi, se doivent de prendre une position claire en refusant qu'une atmosphère délétère s'installe en France. Rien dans l'islam ne peut légitimer la xénophobie et le rejet d'un être humain par l'unique fait de sa religion ou de son appartenance. Ce qu'il faut dire avec force et détermination, c'est que l'antisémitisme est intolérable et indéfendable. Le message de l'islam impose le respect de la religion et de la spiritualité juives, reconnues comme la noble expression des "gens du Livre"»[37].

Sur la loi sur les signes religieux

Sur la laïcité, Tariq Ramadan déclare : «Ma pensée a évolué. Je considère que la loi de 1905 convient idéalement à l'intégration de l'islam. Il suffit de l'appliquer de manière simple et égalitaire.»

Peu après, Tariq Ramadan intervient dans les débats concernant la loi française sur les signes religieux : avant le vote de ladite loi, il engage ceux qui le suivent à s'opposer à cette loi, au nom de l'islamophobie supposée de celle-ci. Dans un texte paru sur oumma. com[38], il déclare : «La lutte que nous sommes en train d'entamer sera longue et elle exige une vision claire des enjeux globaux présents et futurs. (…) il faut se lever actuellement et s'opposer à ce projet de loi discriminatoire et insensé».

Au moment où ce débat a lieu dans le pays est organisée une rencontre télévisée entre lui et le ministre de l'Intérieur - à l'époque, Nicolas Sarkozy - lors de l'émission 100 Minutes pour convaincre. Sur le thème du voile islamique à l'école, quand Nicolas Sarkozy lui demande s'il peut demander que les élèves musulmanes portent uniquement un signe discret d'appartenance, Tariq Ramadan répond «elles peuvent enlever le voile» ; tandis que Sarkozy le coupe en demandant «on peut, ou on doit ?», T. Ramadan de répondre que le point de vue de Nicolas Sarkozy «ne correspond pas à la loi de 1905» ni à l'arrêt du Conseil d'État de 1989 [39].

Sur les châtiments corporels

Sur le thème de la lapidation, il affirme : «Je demande un moratoire pour qu'on cesse l'application de ces peines-là dans le monde musulman. Ce qui compte, c'est de faire évoluer les mentalités. Il faut un discours pédagogique.» Il le rappelle en 2007, dans un débat avec Philippe de Villiers, dans l'émission française Ripostes. Tariq Ramadan condamne les lapidations dans cette même émission et déclare : «La position qui est la mienne actuellement, c'est de faire en sorte que dans le monde musulman, on puisse cesser cela tout de suite.» À l'occasion de la même émission et pour être plus précis toujours, c'est contre l'ensemble des châtiments corporels que Tariq Ramadan s'est opposé à savoir par conséquent la lapidation contre les femmes, mais également contre les hommes ; contre la peine de mort et contre la torture.

Il défend sa position de moratoire en arguant ainsi : «Les pays musulmans prennent ces textes particulièrement au sérieux [... ] il ne suffit pas de condamner pour faire avancer les choses [... ] il faut ouvrir le débat et trouver une pédagogie [... ] Ma position est l'arrêt total des châtiments corporels.» [40]

Sur l'homosexualité

Sur l'homosexualité, Tariq Ramadan rappelle que l'islam condamne l'homosexualité tout comme les autres religions ou que la pensée freudienne (qui parle de «perversion», de «contre nature» et d'«expression d'un déséquilibre»). Cependant pour Ramadan «on peut être en désaccord avec le comportement d'une personne (sur le plan public ou privé) mais respecter la personne comme être.» «Une personne qui prononce l'attestation de foi islamique devient musulmane et si, d'autre part, elle pratique l'homosexualité, il n'appartient à personne de la sortir de l'islam. Un comportement reconnu comme répréhensible par les règles morales ne suffit pas à excommunier un individu.»[41]

Sur le mariage mixte

Sur le mariage mixte, Tariq Ramadan rappelle qu'il existe deux dimensions : le mariage entre deux personnes de religions différentes et l'union de deux cultures différentes. Tariq Ramadan rappelle l'unanimité des savants musulmans sur la première dimension, le musulman peut se marier avec une juive ou une chrétienne et la musulmane ne peut se marier qu'avec un musulman. Néanmoins, il ajoute que les musulmans ne doivent en aucun cas frapper d'ostracisme une femme musulmane qui se marie avec un non-musulman «elles sont et demeurent musulmanes et il n'y a lieu ni de les condamner ni de les juger». Quant à l'union de deux cultures différentes Tariq Ramadan rappelle la difficulté de construire un couple à travers des cultures différentes et nomme à la prudence et au discernement mais il ajoute que «chacun est en droit de faire librement ces choix et ceux-ci doivent être respectés.»[42]

Controverses liées à ses travaux

Ses écrits et déclarations sont particulièrement soigneusement observés. Tariq Ramadan est entre autres vivement critiqué par des intellectuels et hommes politiques français et organisations de droite comme de gauche. Lui sont reprochés un «double langage», des ambiguïtés - surtout sur les droits des femmes- qui masqueraient son essentielisme, ou des propos antisémites (cf. la polémique sur les "nouveaux intellectuels communautaires"). Ses critiques vont de l'extrême-gauche à la droite : Lutte ouvrière, Bernard Cassen (Attac), Max Gallo, Manuel Valls (élu PS), Alexandre del Valle (UMP), des organisations féministes comme Pro-choix, etc. Une analyse détaillée se trouve dans un documentaire de France Culture, Sur les docks intitulé «Tariq Ramadan et son Double»[43].

Tariq Ramadan est défendu par d'autres personnalités, comme Vincent Geisser, Alain Gresh, l'abbé Pierre ou François Burgat[44] qui estiment qu'il n'est ni sexiste, ni antisémite, ni islamiste. Le journaliste Ian Hamel dans un article paru sur le site oumma. com estime en janvier 2005 qu'il existe en France une campagne anti-Ramadan[45]. Il explique aussi : «J'ai interrogé des spécialistes des services secrets français, des hauts fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, ils sont tous unanimes pour dire que Tariq Ramadan n'est pas Frère musulman, toujours moins leur grand chef pour l'Europe.» Cela n'a pas empêché Tariq Ramadan de critiquer vivement la biographie que Ian Hamel lui avait consacré, reprochant surtout au journaliste de qualifier les frères musulmans «d'idéologie totalitaire». Tariq Ramadan est un interlocuteur régulier des autorités britanniques ou néerlandaises. [46]

Accusation de double discours

Tariq Ramadan est rapidement devenu un penseur musulman populaire parmi les jeunes musulmans, où ses discours sont diffusés sous la forme de cassettes audio et DVD. Il prône la stricte observance du Coran et des hadiths, tout en voulant concilier l'appartenance musulmane avec la vie commune et les lois des sociétés européennes. Il est critiqué sur ce point dans l'article de Leila Babès «L'identité islamique européenne selon Tariq Ramadan»[47], mais aussi par Ni putes ni soumises en réponse à Tariq Ramadan qui les avait prises à partie[48].

Tariq Ramadan est accusé par Caroline Fourest, mais aussi surtout Soheib Bencheikh, Antoine Sfeir et Mohamed Sifaoui, d'être un «maître du double langage» déclarant une chose au public non musulman et une autre au public musulman[49] ce qui a fait réagir des commentateurs[50].

Caroline Fourest a publié en octobre 2004 Frère Tariq[51] : elle y analyse, en détails, la vingtaine d'ouvrages écrits par Tariq Ramadan, mais aussi la majorité de ses conférences enregistrées sous forme de cassettes. Elle affirme que la pensée de Tariq Ramadan est principalement plus intégriste que réformiste. Un extrait de ces cassettes est en ligne sur son blog pour que chacun puisse juger. Tariq Ramadan a répondu[52] que Caroline Fourest interprétait librement ses discours en les sortant de leur contexte. Il estime aussi que l'ouvrage de Caroline Fourest comporte un certain nombre de contre-vérités. Caroline Fourest explique que Tariq Ramadan déforme ses propres reproches, pour pouvoir les contrer[53].

Lors d'un procès qu'il intenta au politologue Antoine Sfeir[54], ce dernier considéra Ramadan comme un islamiste dangereux, militant contre l'intégration, un «essentieliste charmeur», un «spécialiste du double langage», ce que vinrent appuyer d'autres témoins, parmi lesquels le journaliste Mohammed Sifaoui, pour qui «ce que dit Antoine Sfeir est en deçà de la réalité». Antoine Sfeir a été relaxé à l'issue du procès.

Aux accusations de double discours, Tariq Ramadan répond qu'il est confronté à un auditoire varié et que de par cette diversité (musulmans, non-musulmans, acteurs sociaux, étudiants…) ses propos restent inchangés mais son langage et ses références sont adaptés à son public ou interlocuteur. Il explique que certains de ces accusateurs ne s'en tiennent qu'à l'énoncé littéral des sources qu'il cite, pour analyser sa pensée, sans prendre en compte son avis sur ces mêmes sources. Enfin, il estime qu'un certain nombre de personnes sont convaincues de l'hermétisme de l'islam religion archaïque et violente, et donc sont rétives à toutes notions d'un islam ouvert[55].

Le 28 septembre 2009, dans l'émission "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier, Tariq Ramadan a vivement mis en cause Caroline Fourest. Sur son blog, la journaliste a répondu point par point : en expliquant que Tariq Ramadan avait menti cinq fois au cours de cette émission, y compris à son sujet et au sujet de son ouvrage[56] : "Tariq Ramadan prétend que j'ai déformé ses propos sur l'homosexualité en vue de lui donner un sens opposé à ses idées. C'est complètement faux. En lisant l'intégralité du passage en question, vous rendrez compte que, loin de désapprouver la position des essentielistes homophobes, Ramadan se contente de ne pas approuver le fait qu'on aille jusqu'à traiter les homosexuels de «malades»… tout en considérant l'homosexualité comme un déséquilibre à combattre"[57]. Tariq Ramadan dit dans le débat qui l'a opposé à Caroline Fourest qu'il faut totalement respecter les homosexuels et que personne ne peut les juger. Cependant, il dit que dans la mesure où il est un homme de religion (comme toute les religions), il ne peut pas approuver l'homosexualité tout en respectant leurs choix. [58]

Critique des «nouveaux intellectuels communautaires» et accusation d'antisémitisme

Ramadan a entretenu des liens avec le mouvement altermondialiste. Invité au FSE de Paris (Forum social européen) en 2003, il publie sur le forum de discussion du FSE un texte polémique, qui fait naître l'accusation d'antisémitisme portée contre lui. Ce texte, Critiques des (nouveaux) intellectuels communautaires[59], avait tout d'abord été envoyé aux quotidiens Le Monde et Libération, qui en avaient refusé la publication. Ramadan y affirme que plusieurs intellectuels juifs (comme Alexandre Adler, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann ou Bernard Kouchner) ne seraient plus des intellectuels universalistes défendant les droits de l'homme universels, mais développeraient des analyses communautaristes, dictées seulement par le soutien à Israël («On perçoit clairement que leur positionnement politique répond à des logiques communautaires, comme juifs, ou nationalistes, comme défenseurs d'Israël»). Ce soutien les aurait amenés à soutenir la guerre d'Irak, conçue par le «sioniste notoire» Paul Wolfowitz. Établissant une équivalence entre terrorisme islamiste et politique d'Israël, il rédige : «S'il faut exiger des intellectuels et acteurs arabes et musulmans qu'ils condamnent, au nom du droit et des valeurs universelles communes, le terrorisme, la violence, l'antisémitisme et les États musulmans dictatoriaux de l'Arabie saoudite au Pakistan ; on n'en doit pas moins attendre des intellectuels juifs qu'ils dénoncent de façon claire la politique répressive de l'État d'Israël.»

Cette dénonciation d'intellectuels, sa forme, la globalisation de ses critiques (Pierre-André Taguieff et Bernard Kouchner désignés, à tort, comme intellectuels juifs), ce qu'il attribue à chacune des personnalités citées (Bernard-Henri Lévy, par exemple, n'avait aucunement soutenu la guerre d'Irak), lui ont valu des réponses critiques de plusieurs intellectuels et éditorialistes, dont Alain Finkielkraut[60] ou Bernard-Henri Lévy[61]; Lévy lui reproche surtout de produire des «énoncés antisémites» et invite les mouvements altermondialistes à prendre leurs distances avec lui. André Glucksmann répond dans l'article «Une obsession antisémite»[62]. Toujours dans le Nouvel Observateur, trois responsables du PS, Manuel Valls, Vincent Peillon et Jean-Luc Mélenchon demandent -en vain- l'exclusion de Tariq Ramadan du Forum social européen[63].

Dans la polémique, Tariq Ramadan a aussi trouvé des défenseurs, dont José Bové, le journaliste Daniel Mermet ou Noël Mamère[64], ou le directeur de rédaction de l'hebdomadaire de la gauche radicale Denis Sieffert, qui reprenait à son compte une partie de ses arguments :

«Mais que dit Ramadan de si extraordinaire ? Il accuse certains intellectuels «juifs français», ou «nationalistes», «de développer des analyses de plus en plus orientées par un souci communautaire qui tend à relativiser la défense des principes universels d'égalité ou de justice». Il leur reproche une indignation sélective. Or, c'est un fait qu'on n'a pas souvenir d'avoir énormément entendu Finkielkraut, Adler, BHL ou encore Taguieff condamner la politique de répression de Sharon.»

Tariq Ramadan expliquera dans son entretien avec le journaliste Aziz Zemouri, que si les journaux Le Monde et Libération ont refusé le texte, les deux journaux n'ont pas invoqué le caractère antisémite[65].

La controverse des Pays bas

En 2007, l'université de Leyde, aux Pays-Bas lui propose d'occuper la chaire d'islamologie. Tariq Ramadan finit par refuser ce poste tout en affirmant que sa décision n'a aucun lien avec les protestations relayées par les médias[66]. La même année il est embauché comme consultant sur les questions d'intégration par la mairie de Rotterdam et comme professeur invité par l'université de cette ville. Les deux institutions le renvoient en août 2009 à cause de sa participation aux programmes de Press TV, la chaine de télévision financée par le régime iranien[67]. Ramadan accuse en réponse ses détracteurs néerlandais de se servir de son cas à des fins électorales[68]. Un certain nombre de fonctionnaires de l'Université Erasmus ont protesté contre la façon dont l'université a uni ses forces avec la municipalité de Rotterdam pour renvoyer Tariq Ramadan : selon eux c'est une atteinte à la liberté académique[69].

Son poste avait déjà été menacé une première fois en avril 2009, quand un média néerlandais lui avait attribué des propos homophobes et sexistes. Par conséquent son contrat de conseiller de la municipalité de Rotterdam chargé de «stimuler» le débat sur l'immigration fut au cœur d'une vive polémique qui a entraîné une scission au sein de la coalition qui gouverne la ville. Professeur d'islamologie à l'université Erasme, son mandat a dans le même temps été prolongé. Ses propos au sujet des homosexuels et des femmes, son rôle réel dans la communauté musulmane et ses conceptions quant à la place de l'islam dans les sociétés européennes ont été au cœur de la polémique[70].

Après enquête, la mairie de Rotterdam lui a renouvelé sa confiance. Dans un communiqué cosigné par plusieurs professeurs et chercheurs, il est dit que «l'université doit représenter le raisonnement objectif même quand les émotions sont vives. Un débat s'impose et non un licenciement» affirmant que «Ramadan est un homme qui croit dans un débat ouvert et constructif en toutes circonstances» et rappelant que «Le programme [mise en cause] ne fait aucune propagande en faveur du régime d'Ahmadinejad ; Ramadan a d'ailleurs condamné la politique de répression de ce gouvernement.»[71]. Les universitaires Paul Aarts, Michiel Leezenberg, Annelies Moors et Ruud Peters de l'Université d'Amsterdam (UvA) souhaitent avoir Tariq Ramadan comme professeur invité, pour eux «ce serait un honneur pour l'Université d'Amsterdam si Tariq Ramadan était le bienvenu ici. Ainsi, nous montrerions clairement que l'UvA ne s'associe pas à la campagne diffamante contre les musulmans qui considèrent que l'islam est important pour eux aussi au-delà de la sphère privée»[72], [73].

Distinctions

Publications

Annexes

Bibliographie

Lien externe

Notes et références

  1. http ://ch. altermedia. info/gnral/tariq-ramadan-nenseignera-plus-luniversit-de-fribourg_300. html
  2. La Croix, 29/01/2004.
  3. investigativeproject. org
  4. http ://www. tariqramadan. com/spip. php?article10984
  5. EuropeanVoice, les européens de l'année
  6. http ://www. ox. ac. uk/media/news_stories/2009/090730. html
  7. in Socialisme international, n°12, mars 2005 Interview de Tarik Ramadan
  8. Conférence de Tariq Ramadan : «Réponses aux salafs»
  9. Tariq Ramadan, Mon intime conviction, Presses du Châtelet, Paris, 2009
  10. http ://www. tariqramadan. com/spip. php?article10820
  11. ibid, p. 57
  12. ibid, p. 58
  13. ibid, p. 29
  14. ibid, pp 37-38
  15. ibid, p 30
  16. ibid, p 30
  17. ibid, p 163
  18. ibid, p. 19
  19. ibid, p. 50
  20. ibid, p. 67
  21. ibid, p. 65
  22. ibid, p. 67
  23. ibid, p. 78
  24. ibid, p. 20
  25. ibid, p 86.
  26. ibid, pp. 86-87
  27. ibid, p. 87
  28. ibid, p. 88
  29. ibid, p. 88
  30. ibid, p. 89
  31. ibid, p. 93
  32. ibid, p. 94
  33. ibid, p. 95
  34. ibid, pp. 96-97
  35. ibid, p. 97
  36. ibid, p. 21
  37. Propos rapporté dans Alain Gresh, Israël, Palestine. Vérités sur un conflit. , Fayard, 2007, pp. 40-41.
  38. Manifester pourquoi ?, 14 janvier 2004
  39. YouTube - Sarkozy contre Tariq Ramadan (2)
  40. Tariq Ramadan, Émission : on n'est pas couché 27/09/09
  41. Tariqramadan. com
  42. Faut-il faire taire Tariq Ramadan?, Aziz Zemouri, éditions l'Archipel, p. 67 et 68
  43. Site sur France Culture.
  44. Source
  45. Article disponible en ligne à cette adresse
  46. http ://www. tariqramadan. com/spip. php?article1123
  47. Islam de France, n°8]
  48. Oumma. com
  49. Source
  50. «Pour Caroline Fourest et Antoine Sfeïr, un moratoire sur Tariq Ramadan est plus important qu'un moratoire sur la lapidation» par Karim Kettani sur oumma. com, 20 avril 2005.
  51. Frère Tariq, Prochoix, la revue pour le droit de choisir
  52. voir sur Oumma. com
  53. Mensonges et dérobades de Tariq Ramadan, Mensonges et dérobades de Tariq Ramadan -Prochoix, la revue pour le droit de choisir
  54. Nicolas Mom, «Lyon Mag'et Antoine Sfeir relaxés !» sur SaphirNews, 20 décembre 2002. Consulté le 19 novembre 2009
  55. Faut-il faire taire Tariq ramadan?, Aziz Zemouri, édition l'Archipel, p.  65-71
  56. Le dernier show de Tariq Ramadan chez Ruquier, carolinefourest . wordpress. com
  57. Tariq Ramadan déforme ses propres citations…, Tariq Ramadan déforme ses propres citations… «Caroline Fourest
  58. Dailymotion - Tariq RAMADAN Vs Caroline FOUREST - 16/11/2009 - 1/4 - - une vidéo Actu et Politique
  59. Tariq Ramadan, «Critique des nouveaux intellectuels communautaires», 3 octobre 2003. Consulté le 30 juin 2008
  60. in Le Figaro, 31 octobre 2003.
  61. Le Point www. lepoint. fr, Le Point.
  62. hebdo. nouvelobs. com, le Nouvel Observateur.
  63. archquo. nouvelobs. com/cgi/articles?ad=societe/20031021. OBS8454. html&host=http ://permanent. nouvelobs. com
  64. Oumma. com
  65. Aziz Zemouri, Faut-il faire taire Tariq Ramadan?, édition l'Archipel, pp. 263-264
  66. Explications sur son site personnel
  67. Rotterdam rompt avec Tariq Ramadan, Le Figaro
  68. Lettre ouverte à mes détracteurs aux Pays Bas, site personnel de T. Ramadan
  69. Dutchnews. nl
  70. Le Monde. fr, Polémique autour de Tariq Ramadan, conseiller de la mairie de Rotterdam
  71. Tariqramadan. com
  72. Parool. nl
  73. Tariqramadan. com
  74. [ (en) http ://www. europeanvoice. com/page/the-evawards-europeans-of-the-year-winners-in-2006/803. aspx Classement 2006]
  75. Frère Tariq extraits exclusifs publiés dans L'Express

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